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Espèce très menacée au plan européen, comme le montrent toutes les études à son sujet (1), le bruant ortolan a le triste privilège de figurer sur la liste rouge des espèces menacées en France éditée par l'UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature). Un statut qui devrait justifier une protection sans faille contre tout acte de destruction délibérée de ce petit passereau migrateur. Or, le braconnage de l'ortolan se poursuit pourtant plus que jamais dans les Landes, en fin d'été, avec la complicité des autorités qui ferment les yeux. Ainsi, alors que sa chasse est interdite depuis 1999, chaque saison entre mi-aout et mi-septembre, la LPO estime à 30 000 bruants ortolan sont capturés et souvent vendus (jusqu’à 100 € après engraissement) pour être consommés dans le Sud-Ouest.
C'est dans ce contexte que la semaine dernière, des bénévoles du CABS (Committee Against Bird Slaughter - Comité Contre le Massacre des Oiseaux, basé en Allemagne) ont accusé les autorités françaises responsables de la prévention du piégeage illégal, par leur inaction, de s'être rendues elles-mêmes otages des braconniers. Au cours de cette opération, 27 sites de piégeage comprenant 679 pièges ont été découverts pour 80 ortolans relâchés. Pour le responsable de l'opération, Andrea Rutigliano, 'les pertes massives causées par le braconnage mettent en danger la survie de cette espèce en Europe. Les importantes mesures prises par d'autres états membres de l'UE se trouvent ainsi anéanties'. Le CABS regrette que malgré de nombreux appels à la Gendarmerie, aucun constat et confiscation de pièges n'a été réalisé. 'Il y a une absence totale de volonté politique de poursuivre les piégeurs hors-la-loi dans la région', résume Rutigliano.
Une attitude des autorités qui laissent libre cours à des réactions violentes des piégeurs illégaux. Un piégeur a ainsi tiré des coups de fusil en direction de trois bénévoles italiens, sur le point de relâcher des oiseaux fraîchement capturés. A Tartas, un groupe de bénévoles revenant d'une opération a été suivi jusqu'à la gendarmerie par plus de dix véhicules, pris à partie par divers individus et aspergée d'urine, etc. Ce matin, après avoir détruit plusieurs installations destinées à capturer des ortolans, c'était au tour d'une équipe de la LPO d'être prise en otage par des chasseurs-piégeurs illégaux, avant d'être libérée par la Gendarmerie sous les insultes et menaces de mort. Sollicité par la LPO, le Préfet a refusé de s’exprimer sur le sujet, quand, le 2 septembre, à cause des nombreuses plaintes des braconniers et de la violence croissante contre les bénévoles du CABS, ce même Préfet des Landes, Claude Morel, mettait en demeure les volontaires de l'association de quitter le département ...
Malgré la promesse faîte aux associations par le candidat-Président, François Hollande : 'Je soutiens bien évidemment l’interdiction de chasser des espèces protégées et m’inscris en opposition aux pratiques illégales telles que la pose de pièges aux passereaux protégés', le braconnage se poursuit plus que jamais sur le terrain. De leur côté, les chasseurs et les élus locaux déclarent qu’ils détiennent une tolérance validée par le Préfet des Landes. Face à cette situation et à l’heure où se dessine la conférence environnementale de la mi-septembre, la LPO s'interroge : 'Est-il nécessaire de refaire le monde lorsque les réglementations élémentaires ne sont pas appliquées ?' Rémy Olivier 1- Notamment l'étude réalisée par la fédération des chasseurs des Landes en 2004.