Grâce à la médiatisation des coulisses scandaleuses de certains abattoirs et élevages, les consommateurs commencent à se poser des questions sur la viande qu’ils achètent. Voire, font le choix de ne plus en consommer.
« Il y a une forte tendance sociale à prendre conscience de ce qui se passe dans les abattoirs et dans la majorité des élevages, observe Aurore Lenoir, présidente de l’association animaliste creusoise L-PEA. C’est révélateur d’une évolution morale de nos sociétés. Dans l’industrie de la viande, tout est fait pour nous éviter de penser à l’animal sur pied : si on remet les choses dans leur contexte, quand on mange une tranche de jambon, on gaze un cochon, qui aura été préalablement castré à vif, à qui on a coupé la queue à vif aussi. Il n’y a pas de viande sans souffrance et ça, les consommateurs commencent petit à petit à s’en rendre compte. »
Le bien-être animal, Aurore Lenoir n’y croit pas, c’est pour elle un argument commercial et politique qui ne sert qu’à traverser au mieux les scandales. « Ça ne fait du bien qu’à la conscience du consommateur et à l’intérêt politique et ça ne change rien à la réalité des animaux. Mettre un perchoir dans les cages des poules pondeuses pour ne plus qu’elles piétinent leurs congénères, on résume le bien-être animal à ça ? ».
Manger de la viande n’est pas une nécessité
Les images révoltantes de certains abattoirs ont rappelé ce que le consommateur avait oublié, « trois millions d’animaux sont tués chaque jour en France, parfois dans des conditions déplorables, pour satisfaire un simple plaisir gustatif ».
Pourtant, manger de la viande n’est pas une nécessité, « ni nourricière, ni sanitaire », souligne Aurore Lenoir. Les recherches de l’Académie de nutrition et de diététique américaine, qui regroupe près de 100.000 nutritionnistes, affirment qu’un régime sans viande, correctement mené, « est adéquat sur le plan nutritionnel et présente des avantages dans la prévention de certaines maladies, notamment cardiovasculaires ».
L’association L-PEA, qui a gagné sa bataille contre le projet d’abattoir à Guéret et poursuit celui contre les « fermes-usines », ne cache pas son ambition première : « abolir l’exploitation des animaux ». Une société qui ne consommerait plus de viande pour des raisons éthiques mais aussi environnementales et sanitaires ? « Je pense que c’est possible et surtout que c’est impératif si on veut continuer à vivre sur Terre », explique Aurore Lenoir, qui rappelle les chiffres de l’industrie de la viande.
« On est sur un mode de production complètement absurde avec la viande : un kilo de bœuf c’est 15.500 litres d’eau, 1 kg de porc c’est 4.900 litres ; un kilo de pommes c’est 700 litres, un kilo de blé c’est 1.300 litres, on voit clairement la différence… On peut ajouter à cela les chiffres avancés par les Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture : l’élevage est responsable à 14,5 % de l’émission mondiale de gaz à effet de serre. C’est plus que les transports, aériens compris. »