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  • LA VEGGIE PRIDE

     

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    1. Qu'est ce que la Veggie Pride?


    La Veggie Pride est une manifestation qui rassemble chaque année à Paris des végéta*iens contre l'exploitation animale. [«Végéta*ien» est un raccourci pour «végétarien ou végétalien»]

    Un défilé a lieu dans les rues de Paris, suivi d'un rassemblement sur une place où sont proposées de nombreuses attractions (stands de dégustation, d'information, vente de matériel militant, musique, discours, etc.).

    Ce rassemblement favorise aussi les rencontres, échanges, discussions entre manifestants d'horizons et d'engagements divers.

    2. Quels sont les objectifs de la Veggie Pride?

    L'objectif visé par la Veggie Pride est d'amener les végéta*iens à se manifester publiquement pour devenir des porte-parole actifs de la cause animale au lieu de chercher à passer inaperçus.

    Pour ce faire, nous les encourageons à exprimer leur fierté d'être végéta*iens pour les animaux, à lutter contre la végéphobie dont ils sont victimes et à défendre leurs droits de citoyens.

    En effet, l'oppression des animaux non humains se traduit aussi par la violation des droits en principe reconnus aux êtres humains.



    * le droit de manger correctement dans les cantines, dans les hôpitaux, dans les prisons, ou dans toute collectivité;

    * le droit à une information médicale impartiale et adaptée;

    * le droit d'élever leurs enfants selon leurs convictions sans qu'on les fasse passer pour des marginaux à leurs yeux;

    * le droit de refuser tout travail qui aille à l'encontre de leurs convictions éthiques (conditions du PARE en particulier...);

    * le droit de répondre aux personnes qui les attaquent dans les médias.


    3. Quelle est l'histoire de la Veggie Pride?


    L
    'idée a été celle d'un individu (David Olivier) qui en a fait part à une poignée d'autres autour de lui. Les choses ont vraiment démarré le 31 août 2001 lorsque la proposition d'une manifestation qui aurait lieu le 13 octobre à Paris a été lancée sur des listes de discussion sur Internet consacrées aux animaux. Plusieurs personnes se sont déclarées intéressées par ce projet. La liste «veggiepride2001» a été créée le 3 septembre 2001 afin de le concrétiser. C'est sur cette nouvelle liste qu'a été discuté et mis au point le manifeste qui constitue la plate-forme politique de la Veggie Pride.


    Quelques semaines plus tard (le samedi 13 octobre 2001), la première Veggie Pride a rassemblé environ 200 manifestants qui ont effectué une marche symbolique autour de la Place des Innocents (la Préfecture de police ayant imposé une manifestation statique).


    La manifestation a été suivie par France 3 île de France, dont les images ont été reprises par Canal+ et par Télé 7 Jours, puis de nombreux autres médias ont annoncé ou évoqué l'événement, dont Technikart en France ou NRJ et la Dernière Heure en Belgique.


    S'agissant d'une première, organisée en moins de deux mois et avec de faibles moyens, cette couverture médiatique inespérée ainsi que la mobilisation de ces 200 manifestants ont constitué des éléments très encourageants pour les éditions futures.


    La seconde édition, qui a bénéficié d'une meilleure préparation, s'est déroulée le samedi 18 mai 2002 à Paris. Elle a rassemblé environ 500 manifestants qui ont défilé entre les places de Jussieu et de la Sorbonne.


    La manifestation a, cette fois-ci, été suivie ou annoncée par plusieurs médias nationaux (France 3, France Info, NRJ, RFM, 24 Heures,...) et de nombreux médias régionaux ou spécialisés.


    L'événement a pris de l'ampleur au cours de cette seconde édition (mobilisation plus importante, soutien d'associations plus nombreuses - en particulier des associations étrangères - et intérêt des médias). Nous espérons qu'il en sera de même pour les prochaines années.

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    4. Qui sont les organisateurs de la Veggie Pride?



    La Veggie Pride est organisée par des personnes provenant d'horizons divers, de tout âge et de toute condition sociale, agissant à titre individuel (et non par une coalition d'associations).


    Pour la plupart, elles se sont rencontrées sur des listes de diffusion Internet traitant du végéta*isme et de la question animale.

    Tous les organisateurs sont végétariens ou végétaliens pour les animaux (et pas seulement pour leur santé ou pour des raisons écologiques ou humanitaires par exemple).

    La quasi totalité des débats et décisions concernant le déroulement de la manifestation s'effectue sur une liste de discussion Internet dédiée à la Veggie Pride et ouverte à toute personne remplissant quelques conditions préalables.

    5. Comment est financée la Veggie Pride?


    L'organisation d'une manifestation telle que la Veggie Pride nécessite un budget conséquent pour financer:


    * l'impression de dizaines de milliers de tracts

    * la location d'une sono et d'un groupe électrogène

    * les communications par téléphone, fax, courriers avec les médias et les associations

    * toute sorte de petites dépenses (mégaphone, etc.)

    Les organisations qui soutiennent la Veggie Pride apportent une aide morale et logistique (diffusion des informations auprès de leurs adhérents, mise en place de moyens pour faciliter le transport des manifestants, etc.), mais aucun soutien financier ne leur est demandé.

    La Veggie Pride ne reçoit d'autre part aucune subvention ou aide financière. L'ensemble des dépenses sont aujourd'hui financées par les organisateurs eux-mêmes. Tous les dons sont donc évidemment les bienvenus.

    6. Quand auront lieu les prochaines Veggie Pride?

    La Veggie Pride a lieu tous les troisièmes samedis de mai, les deux prochaines éditions auront donc lieu les samedis:

    * 16 mai 2009

    * 15 mai 2010

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  • bonne fête des méres!

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    Ici, il fait humide, froid et surtout sombre...si sombre !
    Mon nom est : chienne de la 3ème cage de gauche.
    C'est comme ça qu' « ils » disent quand ils parlent de moi.
    J'ai 3 ans et je suis enceinte d'environ 60 jours et j'ai si faim.
    Heureusement, je crois que je recevrai encore quelque chose à me mettre sous la dent.
    Un morceau de pain sûrement, mais j'ai depuis longtemps perdu l'espoir d'un repas plus substantiel et j'ai appris à m'en contenter.
    Nous sommes environ 25 chiennes ici, toutes plus ou moins apparentées.
    Ma maman se trouve 3 cages plus loin mais nous ne nous voyons jamais.
    Nous ne sortons des cages qu'au moment de la saillie, et encore, le plus souvent, « ils » amènent le mâle ici. Il est enfermé 6 cages plus loin.
    Je me demande souvent à quoi le monde extérieur ressemble. Est-ce partout aussi sombre et froid.
    J'ai tellement faim et personne ne vient.
    Je sens les contractions de mon ventre, mes bébés ne tarderont plus, ils sont impatients, mais ici, l'expression « voir le jour » n'existe pas et je les retiendrais bien encore un peu.
    Je n'ignore pas ce qui se passe en moi.
    Après 5 portées sur un peu plus de 2 ans, j'ai l'habitude, tu sais."

    Quelques jours plus tard...

    "Mes chiots sont nés, je ne sais pas trop bien quand : le jour ou la nuit ?
    C'est tout noir ici, alors on perd vite la notion du temps.
    Il y a 3 mâles et 5 femelles.
    Une des petites avait l'air si malade, elle n'a pas survécu 24h.
    J'ai pleuré et gémi pour appeler à l'aide mais personne n'est venu.
    Bien plus tard, « ils » ont emporté son petit corps sans vie en pestant sur « cette foutue chienne »
    Je me demande bien où elle est maintenant.
    Je suis toujours affamée et mes chiots aussi.
    C'est dur, très dur, sombre et froid.
    Mais la présence de ces petites vies autour de moi remplit mon cur d'un peu de joie.
    Pourtant, ils sont si étrangement calmes.
    Aurais-je commis une faute, mon ventre me fait si mal."

    Cinq semaines plus tard...

    "Je suis seule.
    Hier « cet homme » m'a enlevé mes chiots.
    Ils sont si petits, trop petits.
    J'ai essayé de protester mais une claque sur la tête et un coup de pied dans le ventre m'ont fait taire.
    J'avais espéré que cette fois au moins, ce serait différent.
    L'heure de la séparation n'avait pas encore sonné.
    Où sont-ils maintenant ?
    Ils ne connaissent rien du monde extérieur.
    Il y a tant de choses que j'aurais voulu leur apprendre mais je n'ai jamais connu que cette cage !
    J'y suis née et je ne l'ai jamais quitté.
    Mon ventre me fait terriblement souffrir.
    La solitude est insupportable.
    Jamais personne pour jouer, jamais une main amicale ne s'est posée sur moi. J'ai sûrement commis une faute.
    Pourtant, j'accueille gentiment « cet homme » dans l'espoir d'un mot gentil, une petite caresse.
    Je dois certainement avoir commis une faute.
    Mon ventre me fait tellement mal.
    J'espère que mes petits sauront se débrouiller, je leur ai si peu appris dans cette cage.
    3 d'entre eux sont si malades, j'espère qu'ils s'en sortiront.
    La douleur devient de plus en plus intense, je gémis de douleur mais personne ne viendra à mon secours.
    Je suis seule et misérable.
    Quel crime ai-je donc commis ?
    La douleur augmente encore au fil des heures.
    Je brûle de fièvre, j'ai cessé de geindre. Mais personne ne vient.
    Comme d'habitude, j'affronte seule ma détresse.
    J'ai chaud et puis froid, si chaud et encore si froid.
    J'ai mal, si mal.
    Je ne sais pas combien de temps je tiendrai.
    J'aurais voulu garder mes bébés encore un peu, et voir le monde extérieur au moins une fois.
    Fait-il aussi sombre là-bas ?
    La douleur est intenable.
    Je crois que je vais m'endormir pour ne jamais me réveiller.
    Mais tu sais, ma maman m'a raconté l'histoire d'un monde avec des arbres, des pelouses verdoyantes et la chaude lumière du soleil...
    Il y avait d'autres chiens pour jouer...
    Qui sait...peut-ê tre que c'est là que je vais..."

    Quelques heures plus tard, « l'homme » est venu, il a grommelé un juron contre cette sale bête de chienne et appelé en disant : « hé, ici, y en a une de crevée»...

    http://www.youtube. com/watch?v=OdcNl5FqcKY&eurl=http://brigadedesanimau x.xooit.com/t1750-NE- M-OUBLIEZ- JAMAIS.htm


    POUR TOUS CEUX QUI ACHÈTENT ENCORE LEURS ANIMAUX EN ANIMALERIE, VOILA CE QUE VOUS CAUTIONNEZ!! !!!
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  • Un système alimentaire qui tue : La peste porcine, dernier fléau de l’industrie de la viande

    GRAIN, Avril 2009

    Le Mexique assiste à une répétition infernale de l’histoire de la grippe aviaire asiatique, mais à une échelle encore plus tragique. Une fois de plus, la réponse officielle arrive trop tard et entachée de mensonges. Une fois de plus, l’industrie mondiale de la viande est au centre de l’histoire, s’obstinant à nier toute responsabilité , alors que le poids de l’évidence concernant son rôle ne cesse de s’accroître. Cinq ans après le début de la crise de grippe aviaire H5N1 et après cinq ans aussi d’une stratégie mondiale contre les pandémies de grippe coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé (l’OMS ou WHO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le monde chancelle sous les coups d’un nouveau désastre, la grippe porcine. La stratégie mondiale a échoué et doit être remplacée par un nouveau système de santé publique qui puisse inspirer confiance au public.

    carretilla.jpg Ce que nous savons de la situation au Mexique, c’est que, officiellement, plus de 150 personnes sont mortes d’une nouvelle souche de grippe porcine qui est en fait un cocktail génétique de plusieurs souches de virus de grippe : grippe porcine, grippe aviaire et grippe humaine. Celle-ci a évolué en une forme qui se transmet facilement d’humain à humain et qui peut tuer des gens en parfaite santé. Nous ne savons pas exactement où ont eu lieu cette recombinaison et cette évolution, mais il semble évident qu’il faut chercher du côté des élevages industriels mexicains et américains.[1]

    Cela fait des années que les experts avertissent que le développement des grandes fermes d’élevage industriel en Amérique du Nord ont créé un foyer idéal pour que puissent émerger et se répandre de nouvelles souches de grippe extrêmement virulentes. « Parce que les élevages fortement concentrés ont tendance à rassembler d’importants groupes d’animaux sur une surface réduite, ils facilitent la transmission et le mélange des virus », expliquaient des scientifiques de l’agence nationale des instituts de santé publique américaine (NIH).[2] Trois ans plus tôt, Science Magazine avait sonné l’alarme en montrant que la taille croissante des élevages industriels  et l’usage répandu des vaccins qui y est fait accéléraient le rythme d’évolution de la grippe porcine.[3] C’est la même chose avec la grippe aviaire : l’espace surpeuplé et les conditions insalubres  qui règnent dans ces élevages permettent au virus de se recombiner et de prendre de nouvelles formes très aisément. Quand on en est à ce stade, la  centralisation inhérente à l’industrie garantit que la maladie est disséminée partout, par l’intermédiaire des matières fécales, de la nourriture animale, de l’eau ou même des bottes des ouvriers.[4] Et pourtant, si l’on en croit les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), «  il n’existe pas de système national officiel de surveillance pour déterminer quels sont les virus les plus répandus dans la population porcine américaine.”[5] La situation est la même au Mexique.

    Les communautés à l’épicentre

    Ce que nous savons encore à propos de l’épidémie de grippe porcine mexicaine est que la communauté de La Gloria dans l’état de Veracruz a désespérément essayé d’obtenir une réaction des autorités face à l’étrange maladie respiratoire qui les a sévèrement affectés ces derniers mois. Les résidents sont absolument convaincus que leur maladie est liée à la pollution provoquée par la grande ferme porcine récemment installée dans leur communauté par Granja Carroll, une filiale de la société américaine Smithfield Foods, le plus grand producteur de porc mondial.

    Après les innombrables essais de la communauté pour obtenir l’aide des autorités – essais qui ont mené certains leaders locaux en prison et provoqué des menaces de mort contre ceux qui osaient critiquer l’élevage de Smithfield – les autorités sanitaires locales ont finalement décidé de faire une enquête vers la fin de 2008. Les tests ont révélé que plus de 60% de cette communauté de 3 000 personnes souffraient d’une maladie respiratoire, mais le nom de la maladie n’a pas été officiellement confirmé. Smithfield nie toute connection avec ses activités. C’est seulement le 27 avril 2009, quelques jours après l’annonce officielle par le gouvernement fédéral de l’épidémie de grippe porcine, que l’information est sortie dans la presse, révélant que le premier cas de grippe porcine diagnostiqué dans le pays avait été le 2 avril 2009 celui d’un petit garçon de 4 ans appartenant à la communauté de La Gloria. Le ministre de la Santé du Mexique déclare que l’échantillon prélevé sur l’enfant est le seul parmi les échantillons prélevés sur la communauté qui ait été retenu par les autorités mexicaines et envoyé pour être testé en laboratoire. Ce test a ensuite confirmé qu’il s’agissait bien de grippe porcine.[6] Tout cela malgré le fait qu’une société américaine privée d’évaluation des risques, Veratect, avait, au début du mois d’avril 2009, avisé les responsables régionaux de l’OMS de l’occurrence de la maladie respiratoire grave qui sévissait à La Gloria.[7]

    cerdostirados.jpgLe 4 avril 2009, le quotidien mexicain La Jornada a publié un article sur la lutte de la communauté de La Gloria, avec la photo d’un jeune garçon qui tient une pancarte avec le dessin d’un cochon barré d’une croix et la légende  « Attention, danger : Carrolls Farm » écrite en espagnol.[8]

    Pour ce qui est des pandémies de grippe en général, nous savons que la proximité d’élevages intensifs de porcs et d’élevages de volailles augmente les risques de recombinaison virale et l’émergence de nouvelles souches virulentes de grippe. En Indonésie par exemple, on sait que les porcs vivant près d’un élevage de volailles ont des taux importants d’infection au H5N1, la variante mortelle de la grippe aviaire.[9] Des scientifiques du NIH avertissent que « l’augmentation  du nombre d’installations porcines voisines d’installations aviaires pourrait faciliter l’évolution de la prochaine pandémie."[10]

    On n’en a guère entendu parler,  mais la région avoisinante de La Gloria compte de nombreuses élevages de volailles intensifs. Récemment, en septembre 2008, une épidémie de grippe aviaire a éclaté parmi les volailles de la région. A l’époque, les autorités vétérinaires ont assuré le public qu’il s’agissait seulement d’une souche peu pathogène qui n’affecte que les oiseaux de basse-cour. Mais grâce à la divulgation faite par Marco Antonio Núñez, le président de la Commission pour l’environnement de l’état de Veracruz, nous savons désormais qu’il y a eu une autre épidémie de grippe aviaire à environ 50 km de La Gloria, dans un élevage industriel appartenant à Granjas Bachoco, la plus grande entreprise de volailles du Mexique. Cette épidémie n’a pas été révélée parce qu’on craignait les conséquences que cela pourrait provoquer pour les exportations mexicaines.[11]
    Il faut noter ici que l’un des ingrédients courants de l’alimentation animale industrielle est ce qu’on appelle les «  déchets de volaille », c’est-à-dire un mélange de tout ce qu’on peut trouver sur le sol des élevages intensifs : matières fécales, plumes, litière, etc.

    Peut-on concevoir situation plus idéale pour l’émergence d’un virus grippal pandémique qu’une région rurale pauvre, pleine d’élevages industriels appartenant à des sociétés transnationales qui n’ont rien à faire du bien-être de la population locale ? Les résidents de La Gloria essaient depuis des années de lutter contre la ferme Smithfield. Ils ont, des mois durant, tenté d’amener les autorités à agir face à l’étrange maladie qui les frappait. On les a ignorés. Le radar  du système mondial de surveillance des maladies émergentes de l’OMS n’a pas enregistré le moindre signal. Pas plus que les épidémies de grippe aviaire de Veracruz n’ont déclenché de réaction du système mondial d’alerte précoce pour les maladies de l’OIE. Ce n’est que grâce à sources privées et de façon désordonnée que la vérité a pu éclater.[12] Et c’est ce qu’on appelle la surveillance mondiale !

    La mauvaise foi des grandes sociétés

    Ce n’est pas la première fois, et ce n’est sans doute pas la dernière, que les agro-industriels dissimulent des épisodes de maladies infectieuses, mettant ainsi des vies en péril. C’est la nature même de leurs activités. En Roumanie il y a quelques années, Smithfield a interdit aux autorités locales d’entrer dans ses élevages porcins, après les plaintes des résidents à propos de l’odeur pestilentielle provenant des centaines de charognes de porcs laissées à pourrir pendant plusieurs jours. « Nos médecins n’ont pas eu accès aux fermes de la [société] américaine pour pouvoir effectuer leurs inspections de routine », a déclaré Csaba Daroczi, directeur-adjoint des services vétérinaires et d’hygiène de Timisoara. « Chaque fois qu’ils ont essayé, ils ont été repoussés par les gardiens. Smithfield propose que nous signions un accord qui nous obligerait à les prévenir trois jours à l’avance avant toute inspection.”[13] L’information a fini par émerger que Smithfield avait étouffé l’information sur un épisode majeur de grippe porcine classique ayant sévi dans ses fermes en Roumanie.[14]

    4 En Indonésie, où les gens meurent encore de la grippe aviaire et d’où de nombreux experts pensent que viendra  le prochain virus pandémique, les autorités ne peuvent toujours pas entrer sans permission dans les grands élevages industriels.[15] Au Mexique, les autorités ont repoussé les demandes d’enquête sur La Granja Carroll et accusé les résidents de La Gloria de propager l’infection parce qu’ils « utilisent des remèdes de grand-mère, plutôt que d’aller dans les centres de soins pour soigner leur grippe.”[16]

    Les élevages industriels sont de véritables bombes à retardement pour les épidémies mondiales. Et pourtant, il n’existe toujours pas de programmes qui permettent d’y faire face, ni même de programmes indépendants de surveillance des maladies. Personne parmi les gens haut placés ne semble s’en soucier et ce n’est sans doute pas un hasard que ces fermes soient souvent situées parmi les communautés les plus pauvres, qui paient très cher pour faire entendre la vérité. Pis encore, nous dépendons tellement de ce système aux limites de l’explosion pour une bonne part de notre alimentation que la tâche principale des agences gouvernementales de sécurité alimentaire semble être désormais de calmer les peurs et de s’assurer que les gens continuent à manger. Smithfield est déjà au bord de la faillite et était la semaine dernière en train de négocier sa reprise avec la plus grosse entreprise d’agroalimentaire de Chine, COFCO.[17]

    Entre temps, l’industrie pharmaceutique fait fortune avec la crise. Le gouvernement des Etats-Unis a déjà fait une exception d’urgence dans son système d’autorisation pour permettre de traiter les malades de la grippe avec des antiviraux comme Tamiflu et Relaxin plus largement que cela n’était prévu. Excellente nouvelle pour Roche, Gilead et Glaxo Smithkline qui détiennent le monopole sur ces médicaments. Mais chose encore plus importante, une nuée de petits producteurs de vaccins comme Biocryst et Novavax voient la valeur de leurs actions crever le plafond.[18] Novavax essaie de convaincre à la fois le CDC et le gouvernement mexicain qu’il est capable de fournir un vaccin contre la grippe porcine dans un délai de 12 semaines, si les règlements encadrant les tests restent souples.

    C’est un changement profond qu’il nous faut

    Il est évident que le système mondial de résolution des problèmes de santé provoqués par l’industrie alimentaire  transnationale marche sur la tête : Le système de surveillance est fichu, les services vétérinaires et ceux de santé publique qui sont en première ligne cafouillent et l’autorité est passée au secteur privé qui a tout intérêt à maintenir le statu quo. En attendant, on recommande aux gens de rester chez eux et de croiser les doigts en attendant le Tamiflu ou un nouveau vaccin éventuel auquel ils n’auront peut-être même pas accès. La situation n’est pas tolérable. Il faut bouleverser les choses. Et agir dès aujourd’hui.

    Pour ce qui est de l’épidémie de grippe porcine au Mexique, le changement peut être immédiat : il pourrait consister en une enquête transparente, exhaustive et indépendante sur les élevages de volailles dans l’état de Veracruz, dans le pays tout entier et dans toute l’Amérique du Nord. Le peuple mexicain doit connaître la source du problème afin de pouvoir prendre les mesures adéquates pour couper l’épidémie à la racine et s’assurer que le problème ne se reproduise plus.

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    Au niveau international, l’expansion des élevages industriels doit cesser et faire machine arrière. Ces fermes sont des foyers de pandémies et continueront à l’être tant qu’elles existeront. Il ne sert probablement à rien de réclamer un changement complet de la stratégie mondiale menée par l’OMS. En effet, l’expérience de la grippe aviaire montre que ni l’OMS ni l’OIE, ni la plupart des gouvernements ne sont disposés à être fermes avec l’agriculture industrielle. Une fois de plus, ce sont les citoyens qui vont devoir réagir et se protéger eux-mêmes. Partout dans le monde, des milliers de communautés luttent contre les élevages industriels. Ce sont ces communautés qui sont en première ligne de la prévention contre la pandémie. Ce dont nous avons besoin à présent, c’est de transformer ces luttes locales contre les élevages industriels en un vaste mouvement mondial pour abolir ce système d’élevage.

    Mais le désastre de la grippe porcine au Mexique révèle également un problème de santé publique plus vaste : Les menaces pour la sécurité des consommateurs qui font partie intégrante de notre système alimentaire industriel sont exacerbées par une tendance générale à privatiser complètement les soins de santé, ce qui a réduit à néant la capacité des systèmes publics à apporter des réponses adéquates en cas de crise, et par des politiques encourageant les migrations vers des mégalopoles où les politiques de santé publique et d’assainissement sont déplorables. (L’épidémie de grippe porcine a frappé Mexico, une métropole de plus de 20 millions d’habitants, précisément au moment où le gouvernement a coupé l’approvisionnement en eau d’une bonne partie de la population, en particulier les quartiers les plus pauvres.) Le fait que la surveillance des épidémies soit confiée à des cabinets-conseils privés, que les gouvernements et les agences des Nations Unies puissent garder le silence et ne pas divulguer l’information, que nous soyons obligés de dépendre d’une poignées d’entreprises pharmaceutiques  pour soulager nos souffrances, avec des produits certes brevetés mais seulement à moitié testés, devraient nous indiquer que rien ne va plus. Ce n’est pas seulement de nourriture que nous avons besoin, mais de systèmes de santé publique qui aient un véritable agenda public et soient responsables devant le public.