PRÉMONTRÉ (02) Un cerf abattu devant des patients
Un équipage de chasse à courre a abattu, mardi, un cerf sur le domaine de l'hôpital psychiatrique à quelques mètres de six patients et de leurs soignants, choqués par la scène.
Il ne reste plus que des traces. Des gouttes de sang séchées par le froid sont restées collées sur l'herbe à côté de la laiterie. Un peu plus loin, sur le chemin et entre les logements thérapeutiques, des empreintes de sabots de nombreux chevaux sont restées imprimées dans la terre gelée. Les traces de la mise à mort de ce cerf resteront aussi gravées dans les mémoires.
« Ça a été dur pour tous ceux qui ont assisté à cette scène d'horreur », raconte Jean-Marc Oliviero, éducateur spécialisé à l'hôpital psychiatrique de Prémontré et témoin involontaire de l'abattage d'un cerf. Quelques jours après l'abattage d'un autre animal réfugié dans le jardin d'un particulier à cause d'une chasse à courre, à Compiègne (Oise).
« Je leur ai interdit de le tuer sur le domaine de l'hôpital », poursuit l'éducateur. Il est toujours choqué par ce qui s'est déroulé mardi entre 14 heures et 14 h 30 sur le chemin du Lieubain, juste à côté de la ferme appartenant à l'hôpital psychiatrique. Les bâtiments se situent à la sortie du village en direction de Brancourt-en- Laonnois, en lisière de la forêt de saint-Gobain.
« Il faut s'arrêter à temps »
« Nous étions avec nos patients », se souvient Servane Chatelain, éducatrice stagiaire, arrivée depuis lundi à Prémontré. Elle était dehors, sur le chemin qui borde la forêt avec six patients et son collègue éducateur. Ce dernier « voulait me montrer où les patients travaillaient », en précisant que ce travail consiste à s'occuper et à soigner des animaux.
« Nous avons entendu des chiens aboyer. Nous avons attendu puis vu le cerf descendre sur le talus et les chiens lui courir après. »
Tout cela se déroule sur le domaine de l'hôpital, selon Jean-Marc Oliviero, qui montre les piquets délimitant le domaine de l'ONF et celui de l'hôpital. Après les animaux, des cavaliers sont arrivés. S'ensuit une confrontation entre les soignants, qui demandent aux cavaliers de laisser l'animal en paix et les chasseurs qui souhaitent en finir. Le tout dans « un climat de tension », selon les deux soignants.
« Je n'ai pu qu'entendre le coup de fusil car il fallait s'occuper des patients », continue la jeune femme. Son collègue parle d'une diversion des chasseurs pour que l'un d'eux puisse abattre l'animal, toujours sur le talus et donc sur le domaine hospitalier. Le cervidé s'écroulera finalement au pied de la laiterie. « Celui qui a tiré était sur la route à côté des appartements thérapeutiques », conclut la jeune femme.
« J'ai fait un rapport à la direction », renchérit Jean-Marc Oliviero. « J'étais en colère », affirme pour sa part Jean-Luc Cousinat, directeur adjoint de l'établissement de santé qui a voulu porter plainte à la gendarmerie. Aujourd'hui, il doit recevoir le veneur, responsable de cette mise à mort. « Je ne vais pas me laisser intimider. Il faut s'arrêter à temps. Nos patients sont des gens fragilisés, qui sont beaucoup dans l'affectif », insiste-t-il. S'il attend des excuses, il exige surtout que cela ne se reproduise plus.
Commentaires
Il a " voulu porter plainte " ou a porté plainte ? Il va se contenter d' excuses ???
Il a " voulu porter plainte " ou a porté plainte ? Il va se contenter d' excuses ???
et il est surtout trés choqué que le massacre se soit passé devant les patients!
moi ce qui me choque c'est la chasse à courre en elle même, partout.