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Halte au massacre de la faune française

  

 

Après l’extinction des grands prédateurs en France (Le lynx a été réintroduit mais reste encore marginal, l’ours dans une situation critique n’existe plus que dans les Pyrénées, et la présence timide du loup n’est dû qu’à l’effort de conservation de pays voisins mais il est bien loin de faire l’unanimité), mais aussi des grands herbivores (Bison, Auroch, Elan), c’est désormais le restant de la faune qui souffre de nos modes de vie, diversement victime de la chasse, du braconnage, du piégeage, de la pollution, du bruit, de l’urbanisation et de la circulation routière, mais surtout victime de notre indifférence.      

Renardeau  Renardeau - Finistère 2010     

Les collisions routières :

Selon les chiffres du fonds de garantie, ce ne sont pas moins de 40.000 animaux sauvages qui sont victimes chaque année de collisions routières en France. En 2008, 42.471 accidents avec la faune furent déclarés, ils ne concernent forcément que ceux ayant occasionné des dégâts aux véhicules, donc plus particulièrement des espèces comme le cerf, le chevreuil, le sanglier. Nous sommes par conséquent largement en deçà de la réalité puisque bien d’autres espèces font aussi largement les frais de la circulation routière. Qui n’a jamais vu sur l’asphalte des cadavres de hérissons, fouines, renards, blaireaux, lapins, crapauds, salamandres, couleuvres, chouettes ? La liste est malheureusement bien trop longue. 

fouine - tarn 2010                               Fouine

  Si les effectifs de suidés et cervidés se portent généralement bien (les cerfs sont toutefois peu présents dans les Pyrénées atlantiques), tel n’est pas le cas pour les autres espèces en raison du développement des activités humaines, responsables de l’urbanisation du territoire avec notamment la construction de nouvelles voies de circulation qui ont augmenté le trafic routier de 25% depuis 1990.  

                            Hérisson - Tarn 2010                            Hérisson   

L’exemple du blaireau : Selon une enquête menée de mai 2006 à mai 2007 par la fédération nationale des chasseurs ce sont 2185 blaireaux qui périrent sur les routes de 786 communes françaises, ce chiffre déjà très impressionnant est probablement loin du compte quand on sait que la France comporte 36.000 communes ; Toutefois je ne me risquerai pas à extrapoler le résultat de l’enquête, les populations de blaireaux devant varier considérablement selon les départements. En effet, on ne peut par exemple comparer les communes de la Lozère à celles de l’Ile de France.

Ajoutons les individus prélevés par les chasseurs (selon la même enquête de la FNC : 1.817 blaireaux tués sur 2223 communes), veneurs et lieutenants de louveterie ; le braconnage, la maladie et enfin la mort naturelle (j’exclus la prédation par le renard, le chat forestier et le chien qui doit être exceptionnelle sur quelques blaireautins, ainsi que celle possible dans les très rares endroits fréquentés par de non moins rares grands prédateurs (loups, lynx)), et l’on comprend aisément qu’il faut agir pour que Meles meles, espèce peu prolifique, obtienne un statut le protégeant à part entière, quand bien même l’évaluation de la population de blaireaux en France n’est pas précise, 150.000 individus selon les naturalistes à plus de 200.000 selon les chasseurs. Le nombre de ceux massacrés chaque année volontairement ou accidentellement doit absolument baisser.

Pour Pascal Blain, président de Serre vivante « en Angleterre, où la densité humaine est pourtant jusqu’à 40 fois supérieure à celle de la France, une cohabitation entre l’homme et la faune sauvage est possible : le blaireau y est protégé et ses effectifs sont de l’ordre de 350.000 individus ».

La chasse et le piégeage :

A quelques rares exceptions près (la loutre, le hérisson…), en France il est légalement possible de détruire la majeure partie des mammifères selon qu’ils sont classés gibiers ou nuisibles. Décidément nous n’avons vraiment pas peur du ridicule.

Prenons encore une fois le cas du blaireau.

Ce n’est ni un animal dont nous consommons la chair ni une espèce figurant sur la liste des nuisibles, pourtant il peut-être chassable par tir et par vénerie sous terre, même de nuit ou par temps de neige, aux prétextes qu’il occasionne de rares dégâts à des parcelles de maïs, ou qu’il est susceptible de propager une maladie. Tous les prétextes sont bons à l’homme pour s’arroger le droit de vie ou de mort sur l’animal.

Ainsi dernièrement dans le département de la Côte d’or, un arrêté préfectoral ordonna la destruction de blaireaux pour cause de « tuberculose bovine ». Au final ce sont plus de 2.000 individus, vraisemblablement l’ensemble de la population du département qui fut exterminée en l’espace d’un trimestre malgré l’intervention du naturaliste Philippe Charlier qui alerta les associations de protection de la nature. Devant la réaction argumentée quoique tardive des associations, le secrétariat d’Etat chargé de l’écologie fit part au Préfet que « la destruction des blaireaux ne s’imposait qu’à proximité des élevages infectés et non sur des cantons entiers… qu’en ce qui concerne le dépistage dans des zones indemnes, 1.100 blaireaux furent détruits pour n’en traiter que 230 en laboratoire, du reste tous indemnes de la maladie… » Sans pour autant lui ordonner instamment de faire cesser le massacre.

Quant au renard, 200.000 sont piégés chaque année, alors que déjà bien impacté par la chasse et la route.

Les martres, fouines, belettes, rats musqués, étourneaux, pies bavardes, corneilles noires… sont trop souvent affublés (aux grés des arrêtés préfectoraux) du statut injuste et à abolir, de nuisible.

        Linotte mélodieuse - Lozère 2010     Linotte mélodieuse

 

 

Agir pour en finir :

Il y aura toujours des hommes pour dire que la faune entrave le développement de notre merveilleuse société et de crier haro sur le monde sauvage. Il y aura toujours des menteurs pour dire que le grand cormoran, le héron cendré et la loutre d’Europe, sont les pilleurs des lacs et des rivières ; des imbéciles pour affirmer qu’il y a trop de martres, fouines, renards, blaireaux et chevreuils, fléaux des élevages et des cultures ; des ignorants convaincus que les chouettes, hiboux, corvidés, crapauds et salamandres portent malheur ; encore quelques uns pour voir le diable dans quelques malheureuses vipères et couleuvres, quand ils ne les confondent pas avec un orvet.

Il y a bien sûr le monde de la chasse qui craint de perdre un droit obtenu au sortir de la révolution, garante d’une meilleure qualité de vie à l’époque mais qui aujourd’hui ne se justifie nullement. L’activité cynégétique n’a rien d’une nécessité désormais, elle n’est qu’un loisir, et d’ailleurs comment justifier qu’un loisir puisse tuer ? Même si je conçois qu’en chacun de nous subsiste l’instinct du chasseur (je le ressens souvent et l’assouvis en affûtant, avec le grand privilège de laisser la vie), nous avons aussi une éthique, une morale, une sensibilité, ces leviers sur lesquels prendre appui afin d’élever notre humanisme et atteindre ce que je pense être notre devoir : vivre en harmonie avec l’ensemble des êtres vivants. N’est-ce-pas un but bien plus noble qui donne du sens à la vie ?   

Quelques propositions pour limiter l’impact routier :

Recenser les secteurs accidentogènes, généraliser les passages à faunes, installer des panneaux indicateurs et des ralentisseurs, éduquer au respect de la faune lors de la préparation aux examens de conduite, multiplier les centres de soins pour animaux (un par département), en prenant exemple sur ce qui se fait en Grande Bretagne et aux Pays Bas ou dans quelques régions de France qui commencent à prendre le problème au sérieux (lien).   


Crapaud commun crapaud commun - Pyrénées-Atlantiques 2010 

Pour  les espèces classées nuisibles :

Prévenir les dégâts aux cultures en installant des clôtures électriques (efficace sur le blaireau) ; pour les dégâts aux élevages autoriser la destruction d’individus (et non de l’espèce) sur un rayon n’excédant pas 150 mètres des bâtiments concernés et au cas par cas.

Abolir la vénerie, le piégeage, les tirs de nuit comme par temps de neige ;  

Pour la défense de la faune en général : Rejoindre une association locale de protection de la nature, s’informer, instaurer le débat autour de vous, sensibiliser vos élus, créer un réseau de surveillance, vous mettre en relation avec un centre de soin et proposer vos services de relais.

 

 Salamandre salamandre - Pyrénées-Atlantiques 2010

  MC

Par Michel CHALVET -

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