Avec la publication de son rapport intitulé « Science, profits et politiques : la chasse à la baleine du 21e siècle », le WWF frappe encore du poing sur la table. Il démonte les uns après les autres les arguments du Japon qui continue à chasser la baleine au nom de la recherche. Un rapport qui tombe à point nommé puisque la prochaine réunion de la Commission Internationale Baleinière approche à grands pas… Baleine à bosse A l’heure des balises repérées par satellites et des biopsies qui permettent des analyses de biologie moléculaire très poussées, le Japon et l’Islande sont les seuls pays à continuer massivement la chasse aux grands cétacés sous couvert d’arguments bien hypocrites... Par ailleurs, le Japon compte doubler ses quotas -de 440/an pour l’instant- de baleines de Minke et d’ajouter d’autres espèces à ses prises : rorquals communs et baleines à bosse. Plus de 24000 baleines, dont 7000 au nom de la science, auraient été tuées depuis la mise en place du moratoire de la CBI en 1986. Mais comment aller contre l’opinion publique mondiale lorsque celle-ci est de plus en plus concernée par l’écologie, et faire accepter une telle tradition culinaire ? La science a été la seule réponse du Japon lorsqu’il a repris les campagnes de chasse en 1987. Une science obsolète si l’on en croit Susan Lieberman, une responsable de la célèbre organisation internationale WWF, qui écrit : « il est incroyable que le Japon, un des pays parmi les plus en pointe dans le domaine technologique, continue à tuer environ 650 baleines par an, en utilisant des techniques des années 1940 au 21e siècle ! ». Alors les Japonais parviendront-ils encore longtemps à passer, eux, à travers les mailles du filet ? Pas sûr si la CBI, qui se réunit du 20 au 24 juin en Corée du Sud, se penche sérieusement sur ce rapport… La question posée par le WWF est la suivante : avons-nous besoin de tuer des baleines pour en apprendre davantage sur leur biologie ? Car comble de l’ironie, les sciences et technologies ont tant progressé ces dernières années qu’il n’est plus nécessaire d’abattre des animaux pour les étudier ! Et bien sûr, les Japonais avant d’être passionnés par la cétologie (l’étude des mammifères marins) sont avant tout des consommateurs de viande de baleines. Pourquoi les tuer ? Les arguments : pour accéder facilement au contenu de leur estomac et évaluer leur régime alimentaire, déterminer leur sexe et leur mode de reproduction, etc. mais surtout pour les empêcher de réduire les stocks de poissons qui s’effondrent ! A cela, l’organisation répond d’abord qu’aucune des études japonaises ne pourrait être publiée dans une revue scientifique, les données obtenues sur des cadavres n’étant pas suffisamment fiables face aux informations récoltées via l’ADN. En effet, la génétique permet désormais de comprendre la structure des populations, l’évolution des espèces, de déterminer le sexe, les liens de parenté. Une simple biopsie permet de suivre le régime alimentaire à long terme (étude des graisses) et même d’étudier la toxicologie des tissus, en somme, d’évaluer la santé des animaux ! Quant à l’argument de l’appauvrissement des mers en terme de poissons, les baleines qui consomment surtout du plancton ne peuvent être responsables de cette situation. En revanche, l’homme qui surexploite cette ressource est certainement le principal suspect au banc des accusés. Bref, résistera, résistera pas ? Il nous faudra patienter un peu pour savoir si la chasse à vocation scientifique a encore un avenir devant elle… Source : Rapport WWF |