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Les pigeons des villes, un étrange destin..





Le pigeon des villes, nommé encore pigeon biset ou des roches a toujours été aimé par l'homme. Les premiers pigeons des roches se développèrent vraisemblablement en Asie du sud, dans la région de l'Inde d'aujourd'hui. Puis ils colonisèrent l'Europe de l'ouest et l'Afrique du Nord. On a retrouvé des fossiles de ce pigeon sauvage en Jordanie et en Palestine qui montraient qu'il y en avait il y a 310 000 ans. Cet oiseau a dû se rapprocher des humains lors des premières civilisations sédentaires agricoles, attiré par les réserves de grains et par les cultures.

Son élevage commence très tôt dans l'antiquité; aussi bien pour le plaisir que pour des fins plus utilitaires comme les services postaux par pigeons voyageurs et les pigeons pour la boucherie. Au moyen-âge l'élevage des pigeons pour consommer leur chair prendra beaucoup d'ampleur en Europe. Le pigeon nidifiait dans des maisons spéciales : les pigeonniers d'où il pouvait entrer et sortir librement.

Beaucoup de civilisations le considéraient comme sacré, symbole de paix et d'amour. Vers le milieu du 20ème siècle le pigeon des villes devint un pestiféré, l'ennemi à abattre, un porteur de germes mystérieux, de virus indétectables. Et on se mit à le tuer de plus en plus, de façon massive, aussi bien en Europe que dans le monde Anglo-Saxon (USA, Grande-Bretagne, Australie, etc.).

EST-IL SAUVAGE OU DOMESTIQUE ?



La majorité des ornithologues occidentaux pensent qu'il est domestique à cause de son histoire. Mais considérant qu'il vit maintenant comme les autres oiseaux sauvages des villes depuis au moins 100 ans, que des pigeons biset ont du toujours habiter près ou sur des habitations humaines pendant des millénaires sans pour autant être captifs ou même apprivoisés, considérant que beaucoup de pigeons élevés en pigeonnier ont dû s'émanciper et vivre libre dans les cités à toutes les époques, on peut considérer que cet oiseau est en fait sauvage.


Il fait partie du genre Columba livia, est un des descendants directs du pigeon biset, ancêtre commun de tous les pigeons domestiques (dont il existe une infinité de races obtenues par croisement par les sélectionneurs).


les pigeons ramiers, colombins et les tourterelles turques.



Les premiers, appelés aussi palombes, demeurent avant tout une espèce de grands migrateurs. Ils parcourent tous les ans des milliers de kilomètres de la Finlande à l’Espagne. Toutefois, certains d’entre eux s’implantent dans les cœurs urbains. A l’instar des bisets, les palombes ont découvert dans les cités un biotope idéal à leur développement. A tel point d’ailleurs que leurs couples peuvent avoir quatre fois plus de jeunes que les autres restés migrateurs ! Mais à l’encontre des pigeons de roche, ce sont dans les parcs et sur leurs arbres que les palombes font leurs nids. Un troisième groupe côtoie pigeons de roche et ramiers : les pigeons colombins, espèce bien plus rare en agglomération. Les tourterelles turques comme les palombes font leurs nids dans les arbres, on en trouve beaucoup dans certaines agglomérations.

LE GRAND MASSACRE OU LA GUERRE DES PIGEONS



Donc à partir des années 30 (selon les pays) on se mit à ne plus aimer cet oiseau et à le tuer massivement. En France on tue de 6 à 12 millions d'individus chaque année et dans le monde dit occidental certainement des centaines de millions.


DEUX PHENOMENES CO-EMERGANT



La formation des grandes agglomérations

Au 19ème siècle les grandes cités contemporaines se forment et au 20ème les mégalopoles de plusieurs dizaines de millions d'habitants. Au seing de ces espaces des populations animales arrivent à survivre et même s'y développent. Les pigeons de roche qui sont d'une remarquable intelligence y trouvèrent un milieu propice et s'y multiplièrent. Au cœur des agglomérations ils ont trouvé la "paix". Connaissance de l’homme, nourriture disponible, prédateurs quasi inexistants, édifices pour nicher et nidifier. Ce fut d’abord l’âge de pierre, puis celui de fer quand l’on construisit les halls des gares, les métros aériens.



Inconscient collectif



Pour justifier les abattages massifs on parla de maladies, de risques sanitaires pour l'homme. En fait cet animal n'est pas du tout dangereux, cela se saurait alors qu'il est commensal de l'homme depuis des millénaires. Il n'a jamais été prouvé scientifiquement que cet animal est plus dangereux que les autres oiseaux sauvages vivant dans nos cités.

L'inconscient collectif des civilisations a toujours tendance à projeter à l'extérieur une cristallisation de leur peur de la mort, une angoisse métaphysique et existentielle. Cette projection peut trouver une cible dans un groupe d'humains (par ex : les juifs pendant des siècles) ou dans une espèce animale (par ex : le loup, les chouettes, les corbeaux et corneilles, etc.).
Au 20 ième siecle le pigeon des villes assumera cette fonction de transfert. La population, ne pouvant le tolérer, obligera les pouvoirs publics à prendre des mesures pour faire cesser ce trouble. Les autorités très souvent ne s'embarrassant pas de subtilité, tels des bulldozers, massacreront par tous les moyens ces malheureux oiseaux dès la fin de la deuxième guerre mondiale.
"Les pigeons qui vivent en liberté dans les villes de même que les étourneaux et les moineaux ne présentent qu'un risque faible pour la santé publique" Comité mixte OMS/FAO des experts des zoonoses - Rome 1959


Plusieurs études scientifiques depuis quelques années ont prouvé que les pigeons sont généralement résistants aux virus de la grippe aviaire. Plus récemment des recherches ont même démontré que les pigeons étaient résistants ou peu sensibles à des souches de virus hautement pathogènes.
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EN FRANCE MENSONGES ET GUERRE DANS L'OMBRE



Presque toutes les villes (au moins 80 %) capturent puis tuent leurs pigeons de ville. Dans un but sanitaire disent-elles, se retranchant derrière des recommandations du ministère de la santé, non obligatoires et reprises au niveau départemental. Toutes ces tueries se font en cachette, sans publicité, les élus craignant, si cela se savait, une mauvaise publicité.

Une fois capturés soit par une entreprise privée "ayant pignon sur rue" soit par les employés communaux, les pigeons sont ensuite abattus au moyen de méthodes complètement désuètes.
En France les services de l'état comme les directions départementales des services vétérinaires ne s'occupent pas de ce problème et laissent faire. Personne, en fait, ne contrôle jamais les entreprises ou les villes qui euthanasient.



Pour la législation en France :

Ces méthodes d'euthanasie étaient recommandées il y a plus de trente ans. Mais maintenant la science qui nous a appris que les nouveaux nés souffrent déclare que les animaux aussi. Les scientifiques ont déclaré à de multiples occasions et parfois officiellement au seing d'organismes très officiels comme l'agence de sécurité alimentaire de l'Europe que les méthodes employées en France pour tuer les pigeons de ville sont inacceptables et les font beaucoup souffrir au moment du trépas.

Les méthodes d'abattage en France :




Les caissons à vide d'air :

Les oiseaux sont enfermés dans un caisson étanche puis une pompe puissante fait le vide (comme à 12 000-16 000 m d'altitude) en moins de 5 secondes. Les animaux meurent par les effets physiologiques de cette décompression explosive en moins de 1 minute (de 30 secondes à 1 minute) mais beaucoup d'appareils pour tuer les pigeons sont vieux, bricolés et rafistolés, alors la mort peut durer plus de 2 minutes et selon PETA : les gaz emprisonnés dans les sinus, les oreilles moyennes, et les intestins des animaux se dilatent rapidement. Ce qui provoque un grand malaise avec une grande souffrance. Quelques animaux arrivent à survivre au premier passage dans la chambre de décompression et sont de nouveau décompressés à cause d'un dysfonctionnement de l'appareil, d'une erreur de l'opérateur ou parce que les animaux arrivent à survivre dans des poches d'air et ils sont repassés dans le dispositif douloureux une seconde fois.

Le gaz carbonique :

L'autorité européenne de sécurité des aliments a rendu un avis récent du 14/11/2005 portant sur les animaux de laboratoires, qui dit explicitement que "le gaz carbonique fait souffrir tous les vertébrés quelque soit la concentration utilisée et que si on l'utilisise pour tuer on doit rendre l'animal inconscient avant de lui faire respirer le gaz nocif".

Et aussi :

Les battues des chasseurs :

En zone rurale principalement, des villes chargent par arrêté municipal les chasseurs d'éliminer les pigeons biset.

Les entreprises peu scrupuleuses, les villes et aussi les particuliers :
Tous les moyens sont bons comme des coups de gourdin, décapitation, enterrage vivant, asphyxie en sac en plastique, graines empoisonnées, tirs sauvages, pièges, bain d'acide, emmurage vivant, enfermement dans des clochers d'église, etc.

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METHODES ALTERNATIVES EN FRANCE ET DANS LE MONDE



Il existe maintenant un consensus chez les spécialistes de la question aussi bien aux USA, en Grande-Bretagne, en Australie, qu'en Europe :

Sur le fait que tuer massivement et régulièrement les pigeons ne sert à rien. Une fois qu'une partie de la population a été éliminée, il reste plus d'espace et de nourriture pour les autres qui n'en demandent pas tant et se reproduisent donc d'autant plus rapidement. Au bout d'un certain temps, la population s'est totalement reconstituée et tout est à refaire.


Ces oiseaux posent deux types de problèmes :

- un réel :
un surnombre dû à une gestion inconsidérée par les municipalités

- un subjectif :
les fameuses plaintes que les services municipaux reçoivent chaque jour pour cause de salissure, « il y en a trop, ils risquent de transmettre des maladies etc... ». Ce côté subjectif est irrationnel car ce sentiment n'est appuyé sur aucun fait constaté scientifiquement (en particulier pour les maladies) mais provient plutôt d'une phobie collective moderne visant cet oiseau.


LES METHODES ALTERNATIVES EXISTENT ET SONT AU POINT



Tous les experts de la question disent qu'il faut développer en parallèle plusieurs méthodes pour pouvoir obtenir une efficacité sur le terrain.


Protection des bâtiments :

On limite les possibilités qu'ont les pigeons de nidifier sur certains édifices.

Pigeonniers :

On contrôle le nombre des pigeons en stérilisant les oeufs.
Cette méthode est reconnue dans beaucoup de pays pour donner de bons résultats bien qu'il existe, surtout en France, quelques sceptiques.
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La pilule :

On donne à manger aux pigeons des graines imprégnées d'un produit anticonceptionnel.

Cette méthode a prouvé son efficacité mais elle est encore très controversée et n'est plus utilisée dans le monde anglo-saxon.
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Sources de nourriture :

Enfin beaucoup préconisent de s'attaquer aux sources de nourriture comme les ordures ménagères, les halles des marchés et surtout la population donnant à manger aux oiseaux.



interdire à la population de leur donner à manger



Certaines grandes villes en ont fait leur cheval de bataille, comme Paris, Londre, New York, Melbourne, etc. Leur thèse est que si il y a beaucoup de pigeons partout en ville et dans le monde entier, c'est à cause de certaines personnes, peu nombreuses, qui leur donnent à manger de façon massive.
Ces personnes sont étiquetées comme marginales, dérangées et même relevant de
la psychiatrie.

Les autres personnes qui donnent occasionnellement à manger aux oiseaux (pigeons, moineaux, etc.) par exemple des bouts de croissants, de sandwichs dehors, etc... jouant un rôle marginal sur la surpopulation des pigeons.

En accord avec ce principe beaucoup de villes interdisent de donner à manger aux oiseaux, pénalisent cet acte et même peuvent créer des brigades spéciales chargées de faire rentrer dans le rang les récalcitrants.

Ce procédé qui ne semble pas efficace sur le long terme pose de sérieux problèmes :

- un problème politique si la population qui donne à manger aux oiseaux est plus nombreuse que prévue

- un problème de démocratie car ces mesures sont très souvent rejetées par une part importante de la population

- cela peut être dangereux pour l'avifaune urbaine en raison de la non spécificité des interdictions (par exemple raréfier les sources de nourritures affecte les autres espèces comme les moineaux).

- un problème éthique lien


Premier pigeonnier installé à Paris 14éme arrondissement.


Liens :
doc/doc-pigeonniers.pdf

 

 

©2005 - Association Stéphane LAMART « Pour la défense des droits des animaux »

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