Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

De la déforestation à Dominique Voynet en passant par les poussins broyés



Je suis en train de lire le passionnant livre de Fabrice Nicolino, (“Bidoche”) dont j’ai déjà parlé ici. Et j’y reviendrai plus longuement quand je l’aurai terminé. Mais d’ores et déjà, en connectant des informations de ce livre avec d’autres que j’avais déjà, on peut faire des liens fascinants.

Je suppose que bon nombre d’entre vous sont déjà allés “manger” chez McDo avec leurs enfants. C’est assurément une expérience instructive.

McDo, ce sont d’abord des employés. Précaires, mal payés pour faire un boulot de merde. Ce que Naomi Klein théorise dans “No Logo” sous le nom de “McJobs”. Il s’agit d’inoculer dans de jeunes cerveaux en formation l’idée qu’un “travail” puisse ressembler à ça. Et surtout pas à ce qui était jadis en vigueur : gratifiant, stable, et permettant de nourrir et loger sa famille. La mission est largement accomplie, d’ailleurs, plus personne ne semble s’insurger du fait qu’un étudiant doive absolument travailler en plus de ses études, ou que le “marché” (qui porte de mieux en mieux son nom) du travail soit devenu une jungle.

Chez McDo, chacun sait que l’on s’empiffre de saloperies grasses et sucrées, ce qui favorise l’explosion de l’obésité, du diabète, des maladies cardiovasculaires. Inutile de revenir là-dessus, malgré les tentatives des communicants pour faire croire le contraire.

Les enfants, attirés par la pub et le clown, viennent chercher leur “jouet”, un gadget en plastique débile et inutile, fabriqué en Chine par des para-esclaves, et qui devant sa parfaite inutilité, finira tôt ou tard dans votre poubelle. Il aura donc inutilement consommé des ressources et pollué.

Les enfants raffolent des “Chicken Mc Nuggets®”. Ah oui, chez McDo, l’enfant oublie ses origines et sa culture, et acquiert en échange une espèce de sous-culture uniforme, bêtifiante et mondialisée qui permet à la firme de s’adresser à ses clients de la même manière partout dans le monde et de simplifier la tâche des publicitaires. Il n’y a donc pas de “pépites de poulet”, mais des “Chicken Mc Nuggets®”.

Mais d’où viennent-elles, ces saletés ? En Europe, elles sont fabriquées par la société Cargill, monstrueuse multinationale américaine. A Orléans, plus précisément. Des reportages télé ont montré que la viande de poulet n’était pas le seul ingrédient mis en œuvre. On y trouve aussi d’autres sous-produits (comme de la peau), et bien sûr d’autres substances beaucoup moins chères qui n’ont rien à voir avec du poulet. Glissons.

abattoir_poulets.jpg



Mais du poulet, il y en a évidemment. D’où vient-il ? N’imaginez surtout pas qu’il s’agit de fiers poulets de grain qui trottinent et picorent librement dans la cour d’une ferme. Non, évidemment. Ce sont de pauvres bêtes sans réelle existence, qui subiront au cours des six semaines de ce qu’on a bien du mal à qualifier de vie, toute la souffrance d’un univers concentrationnaire. Avant de finir accrochés par les pattes sur une chaîne d’abattage, électrocutés, égorgés puis dépecés.

S’il est de sexe mâle, le pauvre poussin sera immédiatement passé à la broyeuse (si si) ou jeté à la poubelle. Sinon, il sera balancé avec des dizaines de milliers de ses compagnons d’infortune, dans un hangar sinistre. Le bec coupé, à plus de 20 par mètre carré, il subira l’injection de force médicaments pour grossir plus vite et avoir une chance de survivre le temps nécessaire. Ce n’est pas pour rien que des sociétés d’agroalimentaire sont la propriété d’industriels de la pharmacie. Par exemple Pfizer, plus connu pour ses pilules bleues destinées à suppléer la virilité défaillante des riches occidentaux…

En plus de ses médicaments, le poulet mange, bien sûr. Sans doute pensez-vous qu’en France nous sommes protégés de l’alimentation OGM. Effectivement, il n’y a pas en principe de cultures OGM massives destinées à l’alimentation en France. Et ce malgré les efforts de certains de nos “représentants”, comme Bernard Accoyer, président de l’Assemblée Nationale, ou Patrick Ollier (Monsieur MAM), qui ne sont rien d’autre que les têtes de pont (oui oui, avec un “P”) des lobbies des multinationales du secteur. Nous avons en effet la chance d’avoir des faucheurs d’OGM teigneux, qui ont réussi à médiatiser leur cause : c’est entendu, les français ne veulent pas d’OGM dans leur assiette.

Et pourtant… Les pauvres poulets industriels français mangent principalement du soja OGM, en provenance d’Amérique du sud ! Une coproduction entre Monsanto (qui les asperge de ses pesticides et désherbants), et Cargill, encore eux ! Au Brésil, en Argentine, au Paraguay les champs de Soja OGM poussent partout. Quarante millions d’hectares. Presque la surface totale de la France !

Et comme il en faut toujours plus, on emploie les grands moyens pour trouver de nouvelles surfaces disponibles. A commencer par la déforestation de la forêt primaire d’Amazonie. Bah, elle est tellement grande… On trace des routes sillonnées par des milliers de camions qui vont et viennent sans cesse pour acheminer le soja vers les cargos en partance pour l’Europe. Notez que le Brésil est dirigé par un “gauchiste”, Lula. Aveuglé par la nécessité de rembourser sa dette (et accessoirement d’acheter des Rafale…), il cautionne.

Pire, si jamais un bouseux local ose s’opposer à la toute puissance des multinationales en refusant de se laisser exproprier, il arrive que des hommes de main viennent l’expulser, au besoin en le massacrant et en violant sa femme et ses filles, avant de foutre le feu à sa bicoque. Les multinationales sont au-dessus des lois et de la démocratie. Totalitaires.

Cargill a été montré du doigt pour sa spéculation sur les matières premières de l’agro-alimentaire, responsable de l’aggravation de la famine.

Ne croyez surtout pas que les Brésiliens affamés de la région du Nordeste en profitent ! Ces protéines sont exclusivement destinées aux poulets occidentaux, et notamment français.

On s’arrête là ?


macdo.jpg


Vous avez honte d’amener vos enfants au McDo ? Il y a de quoi ! Mais vous avez une circonstance atténuante. Vous ne saviez pas forcément. Même si toutes ces informations sont librement disponibles, elles ne sont pas forcément mises en avant et diffusées au JT de 20 heures.

Mais que dire de Dominique Voynet ? Ancienne ministre de l’environnement, ex-dirigeante et fondatrice des Verts (même si son étoile pâlit au profit de celle de Cécile Duflot et bien sûr de Daniel Cohn-Bendit), sénateur-maire (donc cumularde) de Montreuil, deux fois candidate à l’élection présidentielle en 1995 et 2007. Sauf à supposer qu’elle soit totalement incompétente, ce que je ne crois pas une seconde, elle ne pouvait rien ignorer.

Et pourtant, en 2007 justement, elle sert la soupe de McDo, en déclarant dans le journal de l’entreprise :

“La complétude de sa démarche environnementale, tant sur les chantiers menées que sur acteurs impliqués (siège, franchisés et fournisseurs), rend possible et souhaitable le dialogue avec les citoyens”. Et cette perle :
“McDonald’s est désormais légitime pour parler d’environnement à ses clients.”

Devant le tollé provoqué, notamment au sein de son propre parti, elle s’enfonce encore : “C’est important de discuter avec tout le monde, y compris avec les chefs d’entreprise, et de montrer qu’on n’est pas sectaire”.

Depuis lors, le journal “La Décroissance“  la représente sous les traits du Clown de McDo, et lui a fait rejoindre le premier cercle de ses “écotartuffes”.

Entendre ce genre de stupéfiante connerie dans la bouche d’un député UMP, comme ceux que j’évoquais plus haut, à la limite on en a l’habitude. Mais chez la dirigeante du premier parti écologiste, dont la principale raison d’être est justement de faire changer ce système absurde et abominable, c’est désespérant.

McDo, comme d’autres parmi les plus gros pollueurs et/ou nuisibles de la planète, ne fait rien d’autre que de la communication et de la gesticulation écologique, du greenwashing. Repeindre ses murs en vert, mettre des plantes vertes, voire des nichoirs à l’extérieur : tout ça n’est naturellement qu’anecdote risible.

Je récapitule : pesticides, OGM, déforestation, faim dans le monde, totalitarisme des multinationales, assassinats, élevage carcéral, souffrance animale, malbouffe, prolifération des déchets, obésité, diabète, boulots de merde, mépris du code du travail, mondialisation, publicité, standardisation du goût et des cultures : voilà les vraies valeurs de McDo.

Comment peut-on encore s’intituler “écologiste” quand on cautionne de manière aussi éclatante l’un des acteurs majeurs de ce système qui est la négation même de toute écologie ?


http://www.superno.com/blog/

Les commentaires sont fermés.