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Dans quinze ans il n’y aura plus de lion dans la nature.

 

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Il faut relire cette phrase plusieurs fois avant que le cerveau digère l’énormité d’une telle nouvelle. Ainsi l’animal que l’homme a érigé « roi des animaux », construisant autour de lui, pour mieux se l’approprier, toute une symbolique emblématique de puissance et de gloire, est en passe de disparaitre en liberté. Un collectif d’association (Born free, IFAW, Panthera) a lancé l’alerte : en un siècle, la population de lions sauvages a dramatiquement chuté, passant de 200 000 à 40 000, voire 23 000 selon certaines estimations, ce qui reviendrait à un taux de disparition de 80%. Les lions ont totalement disparu dans 26 pays africains. Partout les lions voient leur territoire se réduire à peau de chagrin et ils sont victimes de la chasse pour le sport (notamment par les U.S.A.) et du braconnage. Si dès maintenant les choses ne changent pas, d’ici quinze ans les lions auront disparu dans la nature. La disparition des lions sauvages sera donc le fait de l’homme. Uniquement de lui. Les associations de défense des animaux réclament, légitimement et de toute urgence, l’inscription des lions sur la liste des espèces en danger. L’opinion publique pense que les lions détenus dans les cirques et les zoos pourront un jour être relâchés dans la nature afin de la repeupler et qu’il n’y a pas lieu de paniquer. Si cette hypothèse paraît séduisante elle mérite qu’on l’examine un peu mieux. Les lions des cirques. Sur le sujet, les «circaciens» sont formels et le clament haut et fort : leurs animaux ne peuvent plus retourner à la nature et y seraient extrêmement malheureux. D’ailleurs, disent-ils, ceux nés en captivité ont perdu tous leurs instincts. Paradoxalement, voir cyniquement, Il y a un instinct que les exploitants d’animaux de cirque ne leurs dénient pas, c’est celui de la reproduction. Mais il ne s’agit pas de leur part, d’un quelconque souci de préservation des espèces. C’est d’abord un excellent argument de vente, des nouveau-nés c’est toujours une bonne publicité qui attire le public. D’ailleurs certains cirques n’hésitent pas à exploiter ces tout petits lionceaux en laissant le public les manipuler pour se faire prendre en photo avec, il n’y a pas de petits profits. Mais la reproduction en captivité reste, pour les cirques, le moyen le moins onéreux de se procurer des spécimens pour leurs numéros. Ainsi dans le monde entier, les cirques se vendent ou s’échangent des petits. Parfois même de cirque à zoo. «Show must go on !». Les lions des zoos. Si il y a bien une mission que les zoos se targuent de remplir c’est celui de la préservation des espèces. Nous voilà rassurés, les lions n’ont rien à craindre, les zoos se préparent sûrement déjà à leur réintroduction in situ. Dans la réalité, peu d’espèces en danger bénéficient d’un programme de sauvegarde dans les zoos (voir le rapport 2011 sur les zoos d’Europe), de toute façon les lions n’en font pas partis. De plus, la réintroduction est difficile et fort coûteuse (surtout par temps de grande crise, l’humain faisant passer ses intérêts avant tout, il y a fort à parier que les états riches rechignent à trop investir dans la sauvegarde de ces animaux). La vérité est que l’écrasante majorité des animaux dans les zoos ne goûteront jamais aux joies de la liberté. Cette liberté n’est d’ailleurs pas si facile à conquérir, car ouvrir une cage ne suffit pas. Un animal apprend à vivre en liberté par l’exemple donné par sa mère et son groupe. Celui né en captivité ignore tout des subtils et complexes mécanismes de la vie sauvage. Ayant totalement vécu aux contacts des hommes, nourri et soigné par lui, il devient incapable de subvenir lui-même à ses besoins et à faire face, seul, à d’éventuels blessures ou aux maladies de ce nouvel environnement. Une réintroduction devient donc extrêmement problématique et hasardeuse, l’animal devant être maintenu encore longtemps sous les soins et la surveillance des humains pour assurer sa survie. Et puis il reste un autre domaine que l’homme est loin de maîtriser, c’est celui des lois de la génétique. Ainsi le patrimoine génétique des lions actuellement en captivité suffirait-il pour un renouvellement de l’espèce ? En clair, le nombre de lions restant dans les zoos est t’il suffisant pour ne pas entraîner de la consanguinité et au final, une chute de la fertilité ? Mystère. Un monde sans lion est un monde inimaginable. Un monde sans lion libre (mais aussi d’éléphant, de tigre, de singe… la liste est longue) est un monde qui se désenchante petit à petit. On aura beau construire les civilisations les plus sophistiqués, les plus flamboyantes, rien ne pourra palier à cette terrible perte. A priver les autres espèces de leur légitime droit à vivre en paix et libre, l’humanité y perdra son équilibre et son âme. Si rien n’est fait rapidement, les enfants qui naîtront en 2027 n’auront plus que des lions derrière des barreaux à voir et de vieux documentaires à regarder pour savoir ce qu’était un lion libre. Agissons !

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