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MINETTE...

 

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Voici Minette, elle n'a pas de nom, juste celui-ci : Minette.
Dans le quartier tout le monde la connait.
C'est une pauvre bête, jetée à la rue car son ventre s'arrondissait. Elle a miaulé très fort, appelant à l'aide, puis elle a mis bas dans ce milieu hostile pour un chat errant : la ville.
Elle croyait encore que « l'homme » l'aiderait ou du moins la protégerait un minimum mais elle dû se contenter du creux du caniveau avec comme tapis quelque feuilles mortes et beaucoup d'immondices. Six chatons sont enfin là. Ils tètent goulûment.

Minette devrait normalement rester avec eux deux à trois jours sans les quitter. Mais elle a déjà tellement maigri pendant la gestation, elle a faim et soif, il faut qu'elle trouve un semblant de nourriture. Elle hésite, laisser les petits là sans défense c'est pas sérieux. Mais où les mettre en sécurité ? C'est décidé elle va chercher à manger et ensuite elle avisera. Elle s'étire hors du caniveau et rampe, le souffle court, la peur au ventre. Un bout de jambon vient d’atterrir prés d'elle. Ira-t-elle le manger ? La faim est très forte, mais il faut faire attention que ce ne soit pas un piège. La faim l'emporte. Avalé le jambon, il y a déjà plus rien.
Elle fait rapidement le tour de la place et rejoint sa progéniture. Il faut leur trouver un endroit non pas en sécurité, ici à l'évidence c'est impossible, mais moins exposé peut-être. Où ? Les caves sont bouchées
depuis peu, les portes fermées, celles des cœurs aussi...
Attention une voiture cherche à se garer, vite elle attrape un à un ses chatons et les dépose dans un trou de la chaussée prés d'un immeuble, juste le temps de les sortir de ce mauvais pas. Un hurlement de terreur juste pour elle, juste dans sa tête, un de ses chatons vient de mourir écrasé par le monstre d'acier.
Il est né....pour mourir aussitôt.

Minette avec son précieux fardeau cherche un abri. Plus de haies ni de banc, tout est minimaliste ici. C'est la ville ou tout chat errant est censé vivre dans la nature.... du moins c'est ce que disent les hommes...
Un petit trou sous un escalier à moitié détruit conduit à un genre de terrier. Ce trou a déjà du abriter un pauvre hère de la gent féline. Ce sera son nid d'amour. Elle pose ses chatons et s'affaire à les réconforter, à les restaurer et à se réconforter aussi par la même occasion. Qui n'a pas vu une mère chatte n'a pas vu tout ce qu'un animal est capable de déployer comme amour et intelligence, certains parleront d'instinct, pour mener à l'âge adulte une portée de chatons, le tout avec tendresse.
Il faut qu'elle reparte à nouveau pour se nourrir. Elle décide de faire le grand tour.

Pendant ce temps des enfants qui ont entendu les cris des touts petits arrivent à en dénicher un à l'aide d'un bâton qui leur sert à ramener l'animal vers eux. Chouette ! Un nouveau jeu ! Tiens attrape et voilà le chaton qui sert de balle. C'est rigolo. Ça gigote, ça crache mais ça ne part pas …. trop petit, aveugle, le chaton est à leur merci. Allez on va derrière le bâtiment et on va voir ce qu'il a dans le ventre. Mais ce n'est pas une façon de parler mais des actes de torture que vont pratiquer ces enfants. «Ils s'ennuient, à cet âge ce sont des pervers polymorphes » me dira-t-on, est-ce une façon de les excuser ou de nous excuser, nous, les adultes ? On pourrait tout simplement leur expliquer le respect de l'animal, le respect d'une vie.

Minette a réussi à rencontrer un nourrisseur. Cette personne qui offre un peu de vie et de douceur se faufile entre les voitures avant que la ville se réveille et avant de partir au travail pour gagner sa croûte et celle de ses chats. Car «ses» chats sont une partie de sa vie, de sa famille. Ils sont là tous les jours à l'attendre et un genre de communication par gestes et surtout par le regard s'est instauré entre eux. C'est fou ce que l'on peut communiquer par le regard avec les chats.

Le ventre plein la minette rejoint vite ses chatons. Mais … il en manque un... son petit... son tout petit... Que peut-elle faire ? Ou aller ?
Il est né juste pour souffrir et mourir.

Des jeunes s'approchent à nouveau. Minette défend ses chatons avec de grands coups de griffes et des simulacres d'attaque. Ouf ! Après plusieurs jets de pierres ils abandonnent. Minette, épuisée, blessée par une pierre a réussi à gagner la partie. Elle pourrait se réjouir d'avoir vaincu le diable mais elle est tellement fatiguée. La nuit tombe. Il est temps de se reposer. Mais pas trop, car il va falloir trouver encore une autre cache, c'est indispensable. Alors Minette recommence à transporter les petits qu'il lui reste. Le creux de cet arbre fera l'affaire. Ce n'est pas Versailles, c'est juste un creux qui n'abrite même pas de la pluie. Mais Minette s’affaiblit. Il faut qu'elle mange et beaucoup plus car ses petits la sèchent littéralement. Se nourrir, les nourrir, se reposer, les protéger, épuisant pour un si petit être. Plus ils mangent plus les chatons grossissent et plus ils grossissent plus elle maigrit. Minette est devenue un squelette ambulant, le poil rare et terne. Le nourrisseur lui dit : « il faut que tu me fasses confiance, je vais t'aider » Mais comment faire confiance à l'homme ? Hier un de ses chaton a été brulé vif sous ses yeux et un autre a bizarrement disparu.

Ils sont nés pour souffrir et mourir.

« J'ai peur tout le temps pour les deux qu'il me reste. Je ne peux plus les déplacer, je suis devenue trop faible. Il faut que j'accepte de l'aide » disent les yeux de Minette. Le nourrisseur se rapproche. "Mes chatons sont malades. Je ne suis plus que l'ombre d'un chat". Je vais à sa rencontre et je miaule. Je miaule fort mon désespoir, je miaule pour mes chatons disparus, je miaule car j'ai mal, la blessure causée par la pierre s'infecte et me fait mal, j'en peux plus de souffrir et de voir souffrir mes chatons, de les voir mourir.

Cette personne qui doit être un ange essaye de m'attraper. "Non, prends mes chatons ce sont eux les plus précieux, pour moi tu sais c'est trop tard....Je sens bien que je suis perdue. Toi, Ange, tu as tellement de chats et chatons à t'occuper. Aide les miens à vivre et non pas à mourir.
Je pars. Je te les confie."
Et Minette part, elle ne miaule plus.

Quelque jours plus tard le nourrisseur a trouvé la dépouille de la minette.

Il a écrasé une larme. Il n'a pas pu sauver les chatons, trop mal nourris, mangés vivant par les vers, étouffés par le coryza.

Aucune lueur d'espoir ...

Ils étaient nés pour souffrir et mourir.

Ce texte est juste le reflet de ce que vivent les chats de la rue, les photos sont des chats que nous avons rencontrés, les misères subis par les chats du texte font parti de notre quotidien et surtout de leur quotidien.
Si vous aussi vous en avez assez de supporter toute cette misère : rejoignez-nous.
Si vous aussi vous pensez qu'on peut changer les choses avec un peu de bonne volonté : rejoignez-nous.
Ensemble nous seront plus fort et nous pourrons délivrer le petit peuple félin de toutes ces souffrances inutiles. Ce n'est pas utopique il suffit de s'y atteler.

Laure.

 

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