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jane goodall, une vie pour les chimpanzés.

e1fa8c4882f850527f29c45cc22983b6.jpgJane préfère-t-elle les singes?
Elle répond non.
 
Préfère-t-elle les hommes ?
 
«Regardez ma vie», dit-elle et la réponse ne va pas de soi. Femme parmi les chimpanzés, Jane Goodall fut la première à vivre seule avec eux dans la forêt africaine dans les années 60, à partager leurs «émotions»,à communiquer avec eux, à tomber en amour et consacrer la deuxième partie de sa vie à défendre leur cause de par le monde. La première à observer qu'ils utilisaient des outils caractéristiques considérés jusqu'alors comme le propre de l'homme. Ou à découvrir qu'ils étaient capables d'infanticide, de cannibalisme.
 
Jane Goodall en 6 dates:
  • 3 avril 1934 Naissance à Londres.
  • 1957 :Premier voyage pour l'Afrique, six semaines à bord du Kenya Castle.
  • Juillet 1960 :Départ avec sa mère pour Gombe en Tanzanie (à l'époque Tanganyika, sous protectorat britannique).
  • Mars 1967 : Naissance de son fils Hugo.
  • Octobre 1986 : Décide de se consacrer à la conservation des espèces et à la sauvegarde des grands singes africains.
  • 17 janvier 2006 : Reçoit à Paris la médaille d'or de l'Unesco et la Légion d'honneur, remise par le Premier ministre.
Entre deux voyages, Jane trouve refuge dans sa maison familiale de Bournemouth, sur la côte Sud de l'Angleterre, où elle ne passe que six semaines par an. Même si sa soeur habite les lieux, la maison ne tient pas les promesses de sa belle allure victorienne avec briques rouges et bow windows. Les plantes du petit jardin ont piètre allure, l'entrée dévoile un surprenant capharnaüm, encombrée de cartons et jouets. Le sapin brille dans un petit salon qui sent le chien mouillé, où un feu de cheminée tente d'apporter un peu de chaleur. Jane Goodall, 72 ans, apparaît étonnamment jeune, menue mais solide, en jean et pull, ses cheveux blancs tirés en arrière comme sur toutes les photos d'elle depuis quarante ans. Elle dégage une tranquille assurance, rien ne la fera plus dévier de la mission qu'elle s'est fixée : alerter le monde sur sa responsabilité en matière d'environnement et de disparition des espèces animales. Monde qu'elle parcourt trois cents jours par an. Une foi (en Dieu d'abord) l'habite qui la pousse à vivre sans toit, et nul doute, à la voir si douce et résolue, que seule la mort l'arrêtera. Vingt ans assise dans la forêt à surveiller et attendre les réveils, les cris, les caprices des primates, ont laissé des marques : patience, vie intérieure intense. Elle ne renie rien de son parcours atypique, de son empathie si peu scientifique avec les grands singes. Quand elle donne des noms à ses chimpanzés dans ses articles, les relecteurs des revues scientifiques tombent de leur chaise en lisant les aventures de David Barbe grise, Fifi, Ferdinand, Freud ou Fanni. Et les remplacent par FM34 ou LC52. Ou encore changent les heor sheen l'impersonnel it. Un jour, assise avec «David» dans la forêt du parc national de Gombé en Tanzanie, elle lui tend un fruit : «Il me regarda, prit mon offrande, et la lâcha aussitôt, mais me tint délicatement la main quelques secondes. Je n'eus pas besoin de mots pour comprendre le message : il n'avait pas faim mais comprenait que j'avais voulu lui faire plaisir.» Quarante ans après, elle rejoue la scène, vous prend la main et la tient très doucement. Il est évident que les critiques sur son attitude avec les chimpanzés n'ont jamais eu de prise sur elle. Elle s'est mariée en 1964 avec Hugo Van Lawick, photographe au National Geographic. Leur fils naît en 1967. Ce sont les femelles chimpanzés, raconte-t-elle dans son livre le Cri de l'espoir, qui lui montrent comment être une bonne mère. Divorce, remariage avec le directeur des parcs nationaux de Tanzanie qui décède d'un cancer quelques années plus tard. Aujourd'hui, son fils vit toujours en Tanzanie mais ne s'occupe pas d'animaux. Quand Flo, une femelle chimpanzé qu'elle a longtemps suivie, meurt, elle passe tout naturellement une annonce dans le Sunday Times. «Elle avait rendu de grands services à la recherche.» Jane Goodall semblait partie pour une vie bien tranquille, le métier de secrétaire en poche. «Avec ça, tu trouveras du travail partout dans le monde», lui avait dit sa mère qui n'avait pas les moyens de lui payer des études, le père ayant dépensé beaucoup dans sa jeunesse et quitté femme et enfants après la Seconde Guerre mondiale. Invitée par une amie au Kenya, Jane décide d'y rester et rencontre le célèbre paléontologue Louis Leakey, alors directeur du muséum d'Histoire naturelle de Nairobi, et devient sa secrétaire. Leakey veut envoyer des gens étudier les grands singes sauvages sur le terrain, ce qui n'avait jamais été fait. Assez vite, il pense qu'il a trouvé la bonne personne. En ces années 60, le gouvernement britannique exige que Jane ait un chaperon. Sa mère Vanne, personnage le plus important de sa vie, l' accompagnera dans la forêt africaine. Sans formation universitaire ni scientifique, naïve, non formatée, c'est ainsi que Louis Leakey voulait ses observatrices. Car Jane fut la première mais pas la dernière. Le vieux renard envoya deux autres jeunes femmes devenues également célèbres: Dian Fossey qui étudia les gorilles et mourut assassinée (sans doute par un braconnier) au Rwanda, et Biruté Galdikas qui se consacre encore aux orangs-outans d'Indonésie. Toutes trois ont profondément changé l'image que se faisait l'homme du singe. Et bien qu'elles aient également mis en évidence des scènes de violence chez eux, les «trimates» comme on les appelle ont continué à représenter les singes en gentils individus. Mais pourquoi des femmes ? «A l'époque, une femme n'était pas censée travailler, explique Jane, et passer son temps en forêt à observer ne pouvait être considéré comme un travail.» Reste que depuis, elle a fait beaucoup d'émules féminines. «On les médiatise beaucoup plus, estime Emmanuelle Grundman, une des rares primatologues françaises, qui admire Jane Goodall. «Regardez les photos dans la presse, s'il s'agit d'une femme, elle est sur l'image en compagnie du singe, alors que les hommes, vous ne les verrez jamais.» «C'est la belle et la bête, sourit Jane Goodall. Le contraste est plus important.» Elle a servi de modèle à William Boyd pour son roman Brazzaville Plage, histoire d'une primatologue qui débarque en Afrique et observe des comportements inconnus chez les chimpanzés : infanticide, meurtres, cannibalisme... L'histoire de Jane. Qui a lu le livre et sort de sa britannique réserve : «J'étais en colère, très énervée, il s'est servi de mes recherches, de mes personnages (les chimpanzés), il a même utilisé mes mots. Il ne m'a jamais parlé et depuis, je pense qu'il m'évite.» L'écrivain a aggravé son cas: sollicité pour une donation pour les programmes de Jane Goodall, il envoie royalement 100 livres. Elle s'étrangle : «Il doit être millionnaire avec ses best-sellers!» Jane a passé ses diplômes, mais reste fière d'avoir abordé la nature sans formation scientifique. Elle se définit comme une activiste, militante des droits des animaux, conservationniste. Pour «respecter les animaux admirables avec qui nous partageons la Terre». Elle gère également des instituts Jane-Goodall, des programmes dans 90 pays, destinés aux populations locales en Afrique ou à la sensibilisation des jeunes. Elle a des fans dans le monde entier, quelques-uns en France où l'institut Jane-Goodall (1) n'a qu'un an mais se démène pour la faire connaître. Une photo montre Jane jeune, les cheveux encore lâchés, blonde et presque hollywoodienne : elle aurait fait une excellente héroïne blottie dans les bras de King Kong. Mais elle n'a vu aucun des films et le seul avantage qu'elle concède au dernier, c'est que le gorille est 100 % virtuel. Aucun vrai n'a souffert pour jouer le rôle.07799d2eddf7e4c80409f4895e86450f.jpg
 
                             www.janegoodall.fr
 
                                  http://www.gorillafund.org/

La passionnée


Née en 1934 à Londres, la jeune Jane Goodall débute une carrière toute tracée par de conventionnelles études de secrétariat. Le destin en décide pourtant autrement. En 1960, elle accompagne sa mère en Tanzanie et devient secrétaire de Louis Leakey, paléontologue renommé et directeur du muséum d'Histoire naturelle de Nairobi. Louis Leakey, qui a également soutenu la très célèbre Dian Fossey dans ses recherches, apprécie la spontanéité et l'intelligence de la jeune femme.

La pionnière


Amoureuse de la nature sauvage, passionnée par la vie animale, Jane Goodall s'intéresse très jeune à la protection des espèces vivantes. Louis Leakey décide alors de lui confier des missions d'observation dans les denses forêts tanzaniennes. C'est dans ce cadre somptueux qu'elle compensera l'absence de formation scientifique par une immersion quasiment totale dans le monde des chimpanzés de Gombe. Silencieuse, persévérante et attentive, Jane applique patiemment et implacablement sa méthode en dépit des critiques de la communauté scientifique, étonnée par une si grande implication sur le terrain. On lui reproche ses pratiques atypiques, qui privilégient le contact, et la familiarité avec laquelle elle décrit ses recherches dans les revues spécialisées.

 

Pourtant, Jane Goodall ne se décourage pas. La création du Centre de Recherche de Gombe Stream pour l'observation des singes, en 1964, précède la Fondation de l'Institut Jane Goodall (1977), le programme "ChimpanZoo" consacré aux chimpanzés vivants en captivité (1984) ou encore le récent programme "TACARE" consacré à la sauvegarde des forêts tanzaniennes.

Des primates et des hommes


Les recherches de Jane Goodall ont un retentissement considérable. Ses conclusions demeurent, près de quarante ans après le début de ses recherches, essentielles en éthologie. Les singes créent et utilisent des outils, ils sont capables d'actes de violence inscrits dans une structure hiérarchique, et ont de nombreux points communs avec l'Homme. C'est une révolution, et pour certains une provocation qui remet en cause la suprématie de l'intelligence humaine.

 
 
L'engagement et la reconnaissance

Au-delà de ses travaux scientifiques, c'est avant-tout sa mobilisation pour la sauvegarde des grands singes qui lui vaut la reconnaissance de tous. Le braconnage et la destruction des habitats naturels ont fait chuter la population de chimpanzés d'un tiers entre les années 1960 et aujourd'hui. Pensions pour singes orphelins ou campagnes de sensibilisation de grande envergure, l'œuvre de Jane Goodall est peu à peu saluée par le monde entier, et les distinctions honorifiques se succèdent : elle devient "messager de la paix" des Nations Unies en 2002, est nommée "Dame de l'Empire Britannique" par le prince Charles en 2004, et Dominique de Villepin lui a remis le 17 janvier de cette année la Légion d'Honneur. Une consécration pour Jane, déjà récompensée par de très nombreux prix.
 
 
 

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