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  • L'industrie de la fourrure de lapins.

     

    L’enquête au cœur de la filière européenne

    Les investigateurs de CAFT ont enquêté pendant 2 ans dans les principaux pays producteurs de fourrure de lapins (Italie, France et Espagne), ainsi qu’au Danemark. Ils ont visité aussi bien les élevages que les abattoirs, ou encore les tanneries.

    Lapin en cage (JPG)Les lapins vivent enfermés dans des cages grillagées, avant de rejoindre l’abattoir. Les mères sont en gestation quasi permanente. Tout est calculé pour une rentabilité maximale : taille des cages, quantité de nourriture, durée d’engraissement, durée de vie des mères...

    Pour les éleveurs, ce ne sont plus des animaux, mais de futurs accessoires de mode ou garnitures de vestes. Leur bien-être n’est pas pris en compte. Seule la crainte des épidémies, favorisées par les élevages concentrationnaires et qui entraîneraient de grosses pertes financières, pousse les éleveurs à faire en sorte que les lapins puissent partir vivants à l’abattoir. La mortalité dans les élevages de lapins atteint couramment 20% !

    Des enquêteurs ont notamment pu visiter en France un élevage et l’unique abattoir de lapins Orylag, dont la fourrure est utilisée dans l’industrie du luxe.


    Les lapins Orylag

    La filière très fermée des lapins Orylag peut enfin être révélée au public, sous un autre jour que le luxe auquel on veut rattacher sa fourrure et sa chair. L’Orylag, élevé uniquement en Charente, est une race de lapins obtenue génétiquement par l’INRA. Les enquêteurs ont pu visiter l’un des 20 élevages où sont élevés ces lapins, ainsi que l’unique abattoir où finissent les lapins Orylag.

    Les lapins vivent dans des cages grillagées, comme dans les autres élevages qui ont été visités durant cette enquête.

    Les lapereaux sont très vite séparés de leur mère, qui est en gestation quasi-permanente.

    Les lapins y restent environ 20 semaines, avant de partir à l’abattoir, qui abat également des lapins provenant d’autres élevages.

     

     


    Visite guidée d’un abattoir de lapins

    Après des heures de transport pour que le camion fasse la tournée des élevages, les lapins arrivent à l’abattoir.

     

    Ils sont alors déchargés et mis à proximité de la chaîne d’abattage.

     

     

    Les lapins reçoivent une décharge électrique censée les étourdir, mais beaucoup sont encore conscients pendant la saignée qui va suivre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Commence alors le dépeçage des animaux : coupe des oreilles, retrait de la fourrure...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Après avoir été privés de liberté toute leur vie, dans des cages étroites et entièrement grillagées, ils finissent sur des cols de veste et dans les assiettes.

    Enquête détaillée

    Visitez le site de CAFT dédié à la fourrure de lapins : http://www.rabbitfur.org

  • Les sabotages de chasse.

    POURQUOI SABOTER ?

     

     

     

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    Parce que les animaux ne veulent pas se faire transpercer par une balle, ou se faire poignarder par les veneurs. Parce que la chasse est une violation du droit fondamental à la vie des animaux.
    Chaque année en France, 32 millions d’animaux paient le prix de l’irresponsabilité meurtrière des chasseurs, qui n’ont trouvé d’autre distraction que tuer. Saboter ces actes criminels est donc une manière d’empêcher la violation du droit fondamental des animaux à disposer d’eux-mêmes, et surtout de les aider concrètement à défendre leur vie contre ceux qui ne les voient que comme des objets de distraction, parce que la loi leur permet, et qu’ils bénéficient de la complaisance des politiques. En France en effet, la chasse est une activité légale, encouragée par les pouvoirs publics, pour des raisons strictement politiques et électoralistes, outre que de nombreux élus chassent. La chasse-loisir est pourtant une activité majoritairement réprouvée par l’opinion.

    Contrairement à toute morale et à toute sensibilité non violente ni criminelle, les chasseurs, sourds à toute modification, veulent chasser le plus longtemps possible, le plus d'espèces possibles, par le plus de moyens possible : en battue, à courre, en piégeant, à l'arc, avec des gluaux, des matoles, etc. Ils entendent que la loi soit accordée à leurs désirs, et, la plupart du temps, grâce à la lâcheté des politiques, ils y parviennent.


    Les préfets sont régulièrement attaqués devant les tribunaux administratifs parce qu'ils classent "nuisibles" des animaux qui ne le sont pas et dont les dommages ne sont pas établis (par ex. le renard), alors que c'est le critère pour classer les animaux dans cette odieuse catégorie. Régulièrement, ils perdent. Régulièrement, ils reprennent aussitôt le même arrêté, qu'il faut donc attaque une nouvelle fois.

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    Ils y parviennent. Lorsque la chasse est fermée pour un animal classé "gibier", et que les chasseurs protestent, le préfet le classe "nuisible", de sorte qu'on peut continuer à le tirer légalement en dehors des périodes légales. Il en est par exemple ainsi avec les pigeons ramiers dans l'Ardèche. Les chasseurs font la loi. Ils interdisent l'accès des zones où ils entendent régner en maîtres (Baie de Somme, étang de Brière, baie de Seine...) retiennent en otages les gardes-chasses qui s'y risquent, brûlent la maison des naturalistes, malmènent les écologistes qui observent les oiseaux. Sanction ? Aucune. Ceux qui se plaignent des "zones de non droit" dans les banlieues sont plus discrets sur les zones de non droit dans les campagnes.
    Bien souvent des consignes sont données pour que les contrevenants ne soient pas verbalisés, par exemple lorsqu'ils tirent le canard en dehors des périodes légales (baies de Somme ou de Seine, Camargue...).


    Les gardes-chasses privés sont payés par les fédérations. C'est comme si les gendarmes étaient payés par l'automobile club. Les gardes-chasse de l'Etat sont quant à eux en nombre notoirement insuffisant. Ils sont par ailleurs impuissants par rapport aux fédérations, qui ont toutes des appuis haut placés. La plupart des plaintes sont classées sans suite : lorsqu'un chasseur abat un animal protégé, comme un loup ou un rapace, et qu'il le rapporte à sa fédération, on n'a jamais vu qu'il était dénoncé par cette fédération, qui se retrouve ainsi complice. Sanction ? Aucune. Les éleveurs ou les chasseurs qui ont abattus des loups ou des ours ont-ils été punis ? Jamais.

    On multiplierait longuement les exemples. Lorsque le droit en vigueur (déjà bien loin d’une véritable protection de l’animal) est constamment violé sans qu'aucune sanction soit jamais prononcée, lorsque les autorités couvrent les délits ou les organisent, au profit d'une minorité violente, on peut légitimement penser à un pouvoir mafieux.

     

    Certes, aujourd'hui la chasse est légale, mais cette légalité même est illégale par rapport aux législations européennes ou même par rapport à ce qui serait utile au bien public, et bien sûre criminelle par rapport aux droits des animaux, sans compter les accidents de chasse qui coûtent la vie à des dizaines de promeneurs, avec des peines minimes pour les chasseurs qui les tuent. L'action de sabotage reste alors le seul recours pour faire entendre la voix de la justice, puisque aucune action légale n'aboutit devant les tribunaux. Le sabotage de chasse est désormais le recours des militant-e-s déterminés.

     

    Texte extrait du site "droit des animaux". 

     

     http://blog.chabd.com/

    Une super BD des hunts saboteurs de rennes!

     

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  • Les oiseaux voyagent beaucoup...

     

     

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    La migration des oiseaux est un phénomène aussi stupéfiant que complexe. Grâce aux baguages, aux radars et aux balises Argos, nos connaissances ont sensiblement progressé au cours des dernières décennies. Mais bien des questions n'ont encore pour réponse que des hypothèses.


    Pourquoi les martinets nous quittent-ils dès la mi-juillet, alors que les insectes dont ils se nourrissent sont encore abondants ? Il est cependant incontestable que la diminution, voire la disparition des ressources alimentaires contraint en général les oiseaux à se déplacer.


    Mais d'autres facteurs interviennent. Les oiseaux obéissent à une "horloge interne", système complexe qui, via leur les glandes endocriniennes détermine leur rythme de vie annuel. Cette "horloge interne" s'est lentement constituée au cours des millénaires qui ont vu les espèces devoir s'adapter à de longues périodes de glaciations. La dernière a commencé il-y a 70 000 ans et s'est terminée il y a 15000 ans. Rappelons que nos espèces d'oiseaux actuels se sont différencié au quaternaire dont le début remonte à 1,64 million d'années. Le déterminisme interne bien imprégné n'est donc pas modifiable à courte échelle en fonction de contingences circonstancielles.


    Ceci n'empêche pas des espèces de changer certains comportements migratoires dans un intervalle de temps restreint. C'est ainsi que 10% des Fauvettes à tête noire nichant en Autriche et en Allemagne ont appris au cours des dernières décennies à hiverner au Sud de Angleterre tempéré, plutôt que dans leurs quartiers traditionnels sur les rives de la Méditerranée. Cette modification a raccourci considérablement leur voyage et leur donne l'avantage d'être plus rapidement au printemps sur leurs lieux de nidification pour y revendiquer un territoire propice à l'alimentation d'une progéniture.


    Enfin, les conditions météorologiques sont susceptibles non seulement de décaler les dates de départ, mais également la durée du voyage. Les vents de Nord-Ouest à Nord-Est ont été identifiés comme les plus favorables à l'amorce du départ qui, à l'inverse, peut être retardé par des nuages épais, de la pluie et des forts vents de direction défavorables. Les Cigognes blanches qui se déplacent en vol plané sont obligées d'interrompre leurs voyages en l'absence d'ascendances thermiques. L'impact des conditions météorologiques varie évidemment en fonction de l'amplitude du trajet génétiquement propre à chaque espèce


    Il y a les migrateursau grand cours qui rejoignent l'Afrique et ceux à moyen cours qui hivernent dans le Sud et l'Ouest de l'Europe. Les autres sont communément considérés comme sédentaires. Or, très peu d'espèces le sont véritablement : la plupart des pics, les moineaux des villes, les rapaces nocturnes telles la Chouette effraie et la Chouette hulotte.


    La grande majorité des résidents considérés comme permanents, sont donc en fait également des "vadrouillards" qui se déplacent, souvent en bandes erratiques, sur des dizaines, voire des centaines de km à la recherche de leur pitance. Pendant que les uns partent, les autres de la même espèce arrivent C'est le grand chambardement des populations. Ne nous y trompons pas, bien des oiseaux qui fréquentent nos jardins en hiver sont venus des contrées froides de l'Europe. Le Rouge-gorge familier qui béquette sous la mangeoire, n'est pas celui de l'année dernière, ressorti du bois à proximité où il a niché, mais un voyageur chassé de Suède ou de Pologne par les rigueurs de la mauvaise saison qui tarissent les ressources alimentaires, insectes en particulier.

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    Quant aux espèces hivernant une grande partie de l'année en Afrique, mais nichant en Europe, sont-ils d'origine africaine ou européenne ? Entre scientifiques, la réponse reste controversée. Pour nous, le grand public, l'important est que ces migrateurs nous reviennent tous les printemps pour nicher, perpétuer l'espèce et nous réjouir.

     
    Le fameux film de Jacques PERRIN "Le peuple migrateur" a magnifiquement illustré l'exploit étonnant que représente la pérégrination automnale et printanière qu'effectue la majorité des espèces d'oiseaux.


    La faculté stupéfiante des oiseaux de s'orienter reste pour la plupart d'entre nous un motif de questionnement.


    On a vérifié que l'orientation astronomique joue un rôle majeur ; le soleil le jour et les étoiles la nuit. En effet, certains migrateurs sont essentiellement nocturnes : Huppes fasciées, Torcols fourmiliers, rossignols, tariers, traquets etc. D'autres strictement diurnes hirondelles, pipits, mésanges, pinsons etc. Tout le monde sait que les oiseaux ont une acuité visuelle considérablement supérieure à celle des hommes. Qui plus est, leurs yeux sont sensibles aux ultraviolets et à la lumière polarisée. Une couverture nuageuse pas trop épaisse ou discontinue ne constitue donc pas un obstacle à cette orientation par les astres qui implique d'ailleurs une "horloge" interne pour prendre en compte le mouvement apparent de l'astre du jour.


    D'autres expériences faites avec des Rouges-gorges et des Pigeons voyageurs, suggèrent que les oiseaux réagissent aux forces du champ magnétique terrestre qui varient en chaque point du globe. Elles sont susceptibles de les guider s'ils ne peuvent pas percevoir le soleil ou les étoiles, sans que l'on connaisse encore les dispositions internes de captage du magnétisme. Les Chevaliers combattants migrant de la Sibérie orientale vers l'Afrique occidentale et qui au lieu de prendre la ligne apparemment directe traversant le continent sur la carte géographique, choisissent de passer par l'Océan arctique, la Norvège et l'Europe occidentale, économisent ainsi 20 % du voyage. Il est plus que vraisemblable que ces oiseaux sont guidés autant par les valeurs du champ magnétique que par les astres.


    Enfin, il est patent depuis longtemps par l'observation courante, que les oiseaux utilisent le pilotage à vue, se fiant à leur très grande capacité de mémoriser les repères topographiques : cours d'eau naturels et artificiels, étangs, vallées, cols, voire grands édifices servant de "phares ".


    Il ne suffit pas de prendre une fois pour toutes le cap et ne plus en dévier, car en cours de route il faut trouver des lieux de repos tranquilles et des aires de ravitaillement éventuellement spécifiques à l'espèce considérée : futaies, haies, étangs, vasières, prairies humides etc. Les oiseaux migrateurs doivent donc être capables, et assurément ils le sont, de rectifier souvent leur trajectoire comme un navigateur en haute mer déporté par les vents et les courants. On a observé dans les îles de l'Ecosse des grives et autres petits migrateurs nocturnes du Nord de l'Europe se réorienter à l'aube lorsqu'ils se sont aperçus qu'ils avaient été déviés par des vents d'Est au-dessus de la mer.

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    Cette expérience répondrait aussi à la question de savoir si le sens de l'orientation est inné ou acquis chez les oiseaux. Programme génétique ou apprentissage ? Les deux, successivement et concomitamment avec sans doute une prépondérance du premier pour le choix des grands axes. Le jeune Coucou gris né au printemps, ne peut prendre la bonne direction pour rejoindre les quartiers d'hiver de son espèce en Afrique tropicale que grâce à son sens inné de l'orientation, car il part seul avant ses parents géniteurs qu'il n'a d'ailleurs pas connus. Les jeunes hirondelles en revanche, partant avec leurs parents groupés pour le voyage, peuvent bénéficier de l'expérience des anciens et mémoriser à leur tour les repères du parcours. Cependant, leur aptitude à l'orientation astronomique et magnétique est déjà génétiquement programmé.



    Texte de Gilbert Blaising
    pour le site www.oiseaux.net

     
     
     
     
  • Bestialité, le crime passé sous silence.

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    Carol Adams

    Traduit de l'anglais par Estiva Reus


    Il y a quatre ans, quelqu'un pénétra par effraction dans le zoo Buttonwood à New Bedford, dans le Massachusetts, agressa sexuellement une biche à queue blanche, puis la matraqua sans merci. Cette biche âgée de deux ans et nommée Rachel mourut deux jours plus tard au Centre médical vétérinaire de la Tufts University-New England à Grafton. Les autorités dirent qu'elle avait été violée et battue avec un objet contondant. « C'est l'histoire la plus triste dont je me souvienne » déclara Dana Souza, la directrice des parcs de New Bedford, à l'agence Associated Press. « Qu'un individu ait pu battre et agresser sexuellement un animal soulève un tollé d'indignation. »

     

    À vrai dire, le terme bestialité nous en apprend beaucoup plus sur les comportements culturels envers les animaux que sur les rapports sexuels avec eux. L'intérêt pour la bestialité se focalise généralement sur les êtres humains ; ainsi les experts nous disent qu'ordinairement cette pratique n'a pas de conséquences nocives, et débattent entre eux de la question de savoir si elle est courante ou rare. En la désignant par l'expression « rapports sexuels imposés aux animaux », nous redonnons le rôle central au point de vue de l'animal. La fréquence de tels rapports dépasse l'estimation que l'on peut en faire et ces rapports sont nocifs ; il s'agit toujours de sévices envers les animaux.

    Le dictionnaire American Heritage, pour ne citer qu'un exemple, donne cette définition de la bestialité : « qualité ou condition de l'animal ou de celui qui est comme un animal ; conduite ou action marquée par la dépravation ou la brutalité ; relations sexuelles entre un être humain et un animal3 ». Les rapports sexuels avec un animal relèvent de la dernière acception, tandis que les deux premières rappellent le mépris que notre culture porte généralement aux animaux.

    Se comporter comme un animal

    Pendant des siècles, les attitudes négatives envers la sexualité se sont inscrites dans une conception qui voyait le sexe comme l'expression de nos instincts primaires, c'est à dire comme quelque chose qui réduisait l'être humain à l'état d'animal. Au Moyen Âge - une époque où tant l'humain que les animaux impliqués dans la bestialité étaient passibles de la peine capitale - beaucoup de gens pensaient que le serpent avait initié Ève à la sexualité dans le jardin d'Eden. Cette croyance suscita un débat sur la question de savoir s'il y avait réellement eu commerce charnel entre Ève et le serpent, et laissa la forte impression qu'avoir des rapports sexuels était bestial en soi. Par conséquent, on considérait qu'agir sur le plan sexuel, c'était agir comme un animal.

    Cette attitude est évidente aujourd'hui lorsqu'on désigne des comportements sexuels agressifs par des expressions telles que : « se conduire comme une bête en rut », « être comme une chienne en chaleur » ou « vieux cochon lubrique* ». De fait, il semble qu'une des raisons pour lesquelles la position du missionnaire fut recommandée est que le rapport sexuel se déroulait face à face plutôt que face contre dos, comme c'est le cas chez la plupart des animaux.

    Les significations multiples du mot bestialité font partie du problème, en cela qu'elles impliquent que la bestialité elle-même est un comportement animal. Dans « bestialité », il reste la « bête ». (Cf. l'encadré : « Se comporter comme un animal »). Les animaux ne possèdent pas la distinction entre sphère publique et privée. Souvent, les gens perçoivent la sexualité animale comme impudique (et racoleuse) parce qu'elle se déroule en « public ». Les animaux leur semblent accessibles du fait qu'ils agissent publiquement.

    Au sens le plus étroit, on parle de bestialité quand il y a pénétration entre un humain et un animal, qu'elle soit vaginale ou anale ; mais la bestialité peut aussi recouvrir les contacts oraux-génitaux de toute sorte entre humains et animaux.

    Les animaux qui sont utilisés sexuellement sont ceux auxquels les gens ont accès : chats, chiens, moutons, vaches, poules, lapins, chèvres, canards, chevaux, taureaux, poissons. La proximité permet l'accès sexuel. C'est la raison principale pour laquelle les gorilles, les chimpanzés et d'autres servent rarement d'objets sexuels : ce ne sont pas des animaux auxquels les humains accèdent couramment.

    De nombreuses formes de contact sexuel entre humains et animaux ont un effet physiquement destructeur sur les animaux. Peu de vagins, en particulier ceux des jeunes animaux, sont assez larges pour recevoir le pénis d'un Homo sapiens mâle. En outre, les petits animaux souffrent souvent de déchirements du rectum et de saignements internes après avoir été sexuellement agressés ; les volailles et lapins sont souvent tués par l'acte lui-même. On trouve aussi des comportements sexuels sadiques envers les animaux. Les volailles sont souvent décapitées parce que cela intensifie les convulsions de leur sphincter, et donc accroît le plaisir sexuel de l'homme. Même sans sadisme, la bestialité est une violence faite aux animaux parce qu'il s'agit de rapports sexuels imposés.

    Le silence est un problème majeur. À la différence de la plupart des formes de contact sexuel, où chaque partenaire peut relater son expérience, dans le cas de la bestialité un seul des participants peut parler, et généralement il se tait à cause de la stigmatisation dont elle fait l'objet. Étant donné que la bestialité est le plus souvent pratiquée en privé, il se peut que personne n'en sache jamais rien. Par conséquent, nous ignorons l'étendue du phénomène.

    Plusieurs chercheurs ont essayé d'établir une estimation précise du pourcentage d'humains qui tentent d'imposer des rapports sexuels aux animaux : le psychiatre allemand Richard von Krafft-Ebing dans les années 1880, Alfred Kinsey et ses collègues aux Etats-Unis à la fin des années 1940, et plus récemment- en 1994- des sociologues de l'Université de Chicago. Ces études ont fourni des estimations du pourcentage de mâles pratiquant la bestialité qui varient de 1 à 65%. L'importance de l'écart reflète sans doute moins des variations dans la fréquence de la bestialité que des différences dans la manière dont la bestialité est définie et mesurée, ainsi que dans le degré de confiance que l'on peut accorder aux réponses fournies par les sujets de l'enquête selon qu'ils ont été interrogés directement ou via des questionnaires anonymes. En résumé, nous ne pouvons pratiquement rien affirmer concernant le pourcentage de la population pratiquant la bestialité.

    Il y a trois formes de sexualité imposées par les humains aux animaux : la sexualité opportuniste ou « soupape de sécurité », la sexualité fixative et la sexualité dominatrice (Voir l'encadré « Types de sexualité avec les animaux »).

    La sexualité « soupape de sécurité » est souvent considérée comme l'acte occasionnel de jeunes curieux, comme une exploration sexuelle plutôt qu'une déviance. L'idée que la bestialité est une soupape de sécurité qui fonctionne jusqu'à ce que les hommes (habituellement jeunes) soient prêts à passer aux femmes amène à se demander si les femmes auxquelles accèdent ces jeunes gens ne sont pas elles aussi des soupapes de sécurité. De plus, cette forme de bestialité n'est pas une aberration inoffensive. Les animaux souffrent de la bestialité « soupape de sécurité », et les humains apprennent qu'il est normal de traiter les autres comme des soupapes de sécurité.

    Types de sexualité avec les animaux

    La sexualité opportuniste ou « soupape de sécurité » : « J'ai besoin d'assouvir mes pulsions sexuelles... ils sont disponibles... il n'y a pas de partenaires humains dans les parages... Je vais le faire avec un animal. »

    La sexualité fixative. Les animaux deviennent des objets d'amour et sont les seuls « partenaires » sexuels d'un humain.

    La sexualité dominatrice. C'est lorsque des donneurs de coups, des violeurs et des pornographes imposent des relations sexuelles entre un humain et un animal à des fins d'humiliation, d'exploitation sexuelle, de domination et de contrôle.

    Dans la seconde forme de bestialité, la sexualité fixative, un animal devient l'objet exclusif du désir sexuel d'un humain. Bien que de nombreux termes médicaux aient été appliqués à une fixation sur les rapports sexuels avec les animaux, ceux qui s'engagent dans ce type de sexualité préfèrent qu'on les nomme « zoophiles », un mot emprunté, comble de l'ironie, au milieu de la protection animale. La vision du monde du zoophile ressemble à celle du violeur et de l'auteur d'abus sexuels sur enfants. Tous considèrent les rapports sexuels qu'ils ont avec leurs victimes comme consensuels, et croient qu'ils profitent à leurs « partenaires » sexuels comme à eux-mêmes. De même que les pédophiles font la différence entre ceux qui abusent des enfants et ceux qui les aiment- en se rangeant dans la seconde catégorie bien sûr- les zoophiles font la distinction entre ceux qui abusent sexuellement des animaux (qui pratiquent la bestialité) et ceux qui aiment les animaux (les zoophiles). Dans les deux cas, ces distinctions ne sont rien d'autre que des auto-justifications.

    Quoi qu'il en soit de la fréquence de la bestialité, le fait est qu'elle a son propre forum sur internet (alt.sex.bestiality) qui fournit sur le monde de ses adeptes des exemples à glacer le sang. Une personne a raconté avoir des rapports sexuels avec des chiens errants avant de les déposer dans des refuges. Une autre a relaté des scènes de bestialité avec un chien dont un ami lui avait confié la garde. Une troisième a décrit les rapports sexuels qu'elle entretenait avec son cheval, un percheron croisé.

    On ne peut pas parler très longtemps de sexualité avec les animaux sans remarquer les aspects relatifs au genre : elle est surtout le fait d'hommes. Et ce sont surtout des femmes qu'on représente la pratiquant, et qui sont forcées de s'y livrer. Ce type de bestialité, la sexualité de domination, est utilisée de longue date par les hommes violents pour humilier leurs partenaires. Les centres d'accueil pour femmes battues dans tout le pays recueillent des récits de femmes qui ont été contraintes à des relations sexuelles avec des animaux. Une femme a raconté que son mari l'attachait et la forçait à avoir des rapports sexuels avec le chien de la famille. Ensuite le mari essayait d'avoir des rapports sexuels avec le chien pendant qu'il forçait celui-ci à pénétrer sa femme. Les rapports sexuels forcés avec des chiens dressés étaient une méthode de torture des femmes juives dans l'Allemagne nazie ; elle a récemment été utilisée sur des prisonnières politiques au Chili.

    La bestialité faisant intervenir des femmes constitue un genre à part entière dans la pornographie. Des ours, serpents, chiens et insecte -pour ne nommer que quelques espèces d'animaux- ont été photographiés ou filmés dans diverses positions sexuelles ou sexualisées avec des femmes. Dans le monde entier, des « sex clubs » proposent des spectacles où des femmes se livrent en direct à des relations sexuelles avec des animaux. Quelques villes situées sur la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis donnent des représentations où des femmes et des ânes tiennent la « vedette ». Les femmes de couleur sont souvent représentées avec des animaux, ce qui est une façon de renforcer le préjugé raciste selon lequel les femmes de couleur sont insatiables.

    À travers la pornographie, des chiens, des serpents et d'autres animaux aident un homme à s'imaginer lui-même participant à la scène. Ce que le client de la pornographie prétend être du domaine de l'imagination, nous devons le considérer comme une documentation sur des sévices : une vraie femme doit avoir un vrai serpent à l'intérieur d'elle pour que la photo d'un serpent la pénétrant puisse exister, une vraie femme doit faire une fellation à un vrai ours pour que la photo d'une femme faisant une fellation à un ours puisse exister.

    Outre le fait qu'elle est un moyen de rabaisser les femmes, la bestialité intervient dans le racisme, l'homophobie, l'antisémitisme et, bien sûr, les attitudes envers les animaux. L'accusation de bestialité a été utilisée pour dépeindre des groupes spécifiques d'humains comme « différents », pour les mettre à distance de ceux qui portaient cette accusation. Le métissage (croisement des races) est parfois qualifié de bestialité. Un groupe de défenseurs de la suprématie blanche en Amérique croit que les Juifs descendent de Caïn, lequel serait le fruit de l'accouplement d'Ève avec le serpent, tandis que les chrétiens descendent d'Abel, le fils d'Ève et Adam. Les colonisateurs européens, et les propriétaires américains d'esclaves croyaient que les femmes africaines aimaient faire l'amour avec des singes. Les femmes européennes inculpées de sorcellerie étaient accusées de commerce sexuel avec les animaux, et on les tuait, ainsi que leurs animaux de compagnie. Au Moyen-Âge, les chrétiens considéraient les rapports sexuels avec des Juifs comme une forme de bestialité. Cette année, un fonctionnaire de la justice israëlien a comparé l'homosexualité à la bestialité. Il est très probable que cette comparaison vient de ce que l'homosexualité et la bestialité sont énumérées l'une après l'autre dans le Lévitique 18:23 et 20:15-16. Comme la masturbation, l'homosexualité et la bestialité sont des formes de sexualité non procréatrice. Il se peut que toutes les formes de sexualité non procréatrice aient été condamnées à une époque où les grossesses étaient capitales pour la survie d'un peuple. La bestialité violait aussi l'ordre de la création en mêlant des catégories -les humains et les animaux- qui étaient destinées à être séparées et distinctes.

    La perception contemporaine de la bestialité comme phénomène tout à fait bénin a remplacé ces réactions plus anciennes, mais quelle que soit l'opinion dominante sur la bestialité, elle ne fait aucun cas des sentiments de l'animal. Il s'agit toujours de sévices envers les animaux. Des relations ne peuvent pas être consensuelles quand il y a inégalité de pouvoir. Dans les relations entre un humain et un animal, l'être humain contrôle la plupart- sinon la totalité- des aspects du bien-être de l'animal. Les relations sexuelles devraient avoir lieu entre pairs, là où le consentement devrait être possible. Le consentement, c'est quand on peut dire « non » et que ce « non » est accepté. Il est clair que les animaux ne peuvent pas faire cela. La bestialité est le cas typique où l'on se passe de consentement, tout en prenant l'affection pour un signe de consentement.

    En dépit de l'omniprésence des animaux dans les images et vidéos pornographiques, le milieu de la protection animale n'a pas encore identifié la bestialité comme un cas de maltraitance envers les animaux. Le sujet a été soigneusement évité par ceux qui devraient en discuter : les militants pour les droits des animaux, les vétérinaires, les agents chargés de l'application des lois contre la cruauté, et les féministes. Il est temps de sortir de notre réserve.