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collectif limousin d'action militante pour les animaux - Page 9

  • LE CLAMA..

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  • Euthanasies dans les zoos

     

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    Les zoos prétendent « sauver » les espèces, mais n’hésitent pas à en tuer les individus, même de très jeunes, quand ils les considèrent comme « gênants ». Cela pourrait-il se produire au zoo de Vincennes, rouvert depuis le 12 avril 2014 ? J’ai demandé au président www.code-animal.com quel serait le scénario pour justifier ces abattages :

    À l’instar des autres zoos, le nouveau zoo de Paris pourrait très bien décider une euthanasie d’animaux, et ce, pour plusieurs raisons. Les zoos sont avant toute chose des parcs de loisirs à intérêt lucratif. De ce fait, il est indispensable pour plaire au public que soit proposée une collection riche et variée d’animaux « populaires », mais en nombre suffisamment restreint pour que la collection (c’est le mot utilisé !) soit suffisamment riche en spécimens. Il faut mettre un maximum d’espèces sur un minimum d’espace, le foncier est cher.

    Les naissances à la carte n’étant pas à l’ordre du jour, il naît approximativement autant de mâles que de femelles. Or la cohabitation entre mâles n’étant pas toujours des plus aisées, leur surnombre devient vite un problème. Ainsi, en 2008, le directeur du zoo de Bâle avait pris la décision d’abattre Farasi, un petit mâle hippopotame, celui-ci ne pouvant vivre avec son père. Il expliquait : « Si nos hippopotames ont un petit et que nous n’arrivons pas à le placer dans un autre zoo, il entrera dans la chaîne alimentaire et sera donné en nourriture à nos grands carnivores, par exemple les lycaons. » Si la justification la plus fréquente est le risque de consanguinité, risque réel et qui n’est que la conséquence de la mise en captivité des animaux, les zoos omettent de mettre en avant cette problématique du surplus des mâles. Ainsi, après Marius, un girafon mâle, le zoo de Copenhague a abattu quatre lions en mars dernier. Ce mois-ci, les deux oursons mâles du zoo de Berne ont été tués, le premier par son père, le second par la direction, qui a décidé de l’euthanasier…

    Selon l’EAZA (association européenne des zoos et des aquariums), de 3 000 à 5 000 animaux sont euthanasiés dans les zoos chaque année en Europe, citant le cas de plusieurs hippopotames et zèbres, des espèces où se trouvent des mâles dominants. La solution pourrait consister à limiter les naissances en stérilisant les animaux, et ainsi éviter ces euthanasies à grande échelle. Mais les zoos étant des « parcs de loisirs », les naissances (qui ne contribuent pas à une reproduction de l’espèce, rappelons-le) représentent un attrait pour les visiteurs, friands de bébés animaux. Aussi, et c’est là tout le cynisme des zoos, ils gardent les bébés animaux quelques semaines et quelques mois pour plaire au public et faire des entrées, et finissent par les abattre. Les petits des lions, babouins ou même des otaries à crinières détenus au zoo de Paris pourraient très bien suivre ce même parcours : divertissement du public, abattage et nourrissage des autres animaux…

    Franck Schrafstetter

     

  • À la campagne, la souffrance animale s'entend aussi

    Des cris dans la nuit ont réveillé et inquiété les habitants d'un petit village situé dans l'État du Massachusetts. La police rassure : « cela se produit chaque année et c'est normal ».
    Coupure de presse parue dans un journal local traduit de l'américain par Marie Ramblier pour L214.

    Ces sons étranges s’avèrent être des gémissements de vaches séparées de leurs veaux

    NEWBURY — 23/10/2013 — La police a rassuré les résidents qui ont entendu des bruits étranges venant de la ferme Sunshine Dairy dans la nuit de lundi et ce jusqu’à hier matin.

    Selon le sergent Patty Fisher, ces meuglements sont émis par les vaches qui manifestent leur douleur au moment où on leur enlève leurs veaux. Il explique que les vaches sont séparées de leurs veaux tous les ans et qu’il s’agit d’une pratique normale pour le bon fonctionnement d’une ferme laitière.

    Elle ajoute que « cela se produit tous les ans à la même période ».

    Après avoir reçu au moins quatre appels entre minuit et 7 heures hier matin suite à ces bruits, Fisher a immédiatement publié un message sur sa page Facebook :

    « Les personnes qui habitent près de la ferme Sunshine Dairy et qui entendent de très forts gémissements à toute heure du jour et de la nuit ne doivent pas s’inquiéter. Les vaches ne sont pas stressées et les bruits qu’elles manifestent sont tout à fait normaux. »

    Le fait de séparer les vaches de leurs veaux ne manque pas de soulever une controverse de la part de nombreux bloggeurs et défenseurs des droits des animaux qui qualifient cette pratique inhumaine et cruelle. Les vaches sont séparées de leurs veaux peu de temps après leur naissance pour qu’ils ne boivent pas le lait de leur mère. Ils sont ensuite isolés dans de petits boxes en attendant qu’ils grandissent pour être placés avec d’autres veaux, selon plusieurs sites web de fermes laitières.

  • Les végétariens sont des emmerdeurs!

               

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    Tous les végétariens ont fait de nombreuses fois l'expérience,  lors d'un souper chez des amis omnivores, de devoir répondre à la curiosité des convives. Quel que soit votre degré de discrétion, difficile d'y échapper et vous voilà de nouveau sur le grill. Il est tout à fait légitime et naturel de s'intéresser à d'autres façons de penser et de  faire. Mais vous constaterez bien vite qu'il ne s'agit pas simplement d'échanger des idées, vous allez vite vous rendre compte qu'il s'agira plutôt de vous prouver que vous vous trompez et que vos choix sont au mieux l'effet d' une sensibilité excessive et au pire de la bêtise.
                Attendez-vous à entendre ce genre de réflexion: " les hommes ont toujours chassé, c'est grâce à ça qu'ils ont survécu" ou "tuer et être tué,  telle est la loi de la nature, pourquoi devait-il en être différemment pour les hommes ?" ou " tu manges bien des plantes, les plantes vivent aussi donc toi aussi tu es obligé de tuer pour vivre". Quand vous rétorquerez que les élevages intensifs sont ignobles, vous ne trouverez pas d'adversaires,  ils esquiveront. On vous parlera des animaux traités correctement dans les élevages traditionnels. C'est de la mauvaise foi bien entendu, car nous savons que l'immense majorité d'entre eux se fournissent au supermarché.

                En tout cas , le végétarien dérange et le questionnement  que suscite ce choix de vie est loin d'être anodin. Car derrière ces questions se cachent quatre impensés qui  sont chargés d'une grande puissance symbolique, celui du meurtre, de l'horreur du cadavre, de la mort et de l'anthropophagie.

    LE MEURTRE

                Les ethnologues ont constaté que toutes les cultures ont en commun deux tabous fondamentaux, le meurtre et l'inceste. C'est le premier qui nous intéresse bien évidemment. Il est  aisé de comprendre qu'un groupe d'humains qui ne le  proscrirait pas radicalement ne tarderait pas à disparaître. En effet, il déclenche toujours une réaction en cascade, il y aura la vengeance des proches de la première victime suivie de peu par la vengeance des proches de celui qui a succombé aux représailles et ainsi de suite. La base de l'éthique est toujours: "tu ne tueras point".
                Bien entendu, le meurtre est licite en dehors de la communauté et est justifié par un discours qui a pour objectif de montrer les différences entre "eux" et "nous". Communauté  toute petite au début, mais elle va s'étendre, entre autres, par  l'action civilisatrice des progrès de la raison humaine. Du clan on passe au village puis à la cité, puis c'est d'états dont il s'agira. Le Siècle des lumières engendrera  la Déclaration des droits de l'homme qui balaiera les arguments différentialistes et accordera à tous les hommes les mêmes droits dont le plus élémentaire est de pouvoir vivre à l'abri de la violence d'autrui.

                Il semble bien que l'histoire ne s'arrête pas là. Le 21e siècle vit une autre révolution philosophique et scientifique. Les arguments qui légitimaient l'exploitation des animaux  par l'homme sont en train d'être déconstruits et sont devenus caducs. Grâce aux neurosciences et à l'éthologie, nous savons maintenant qu'ils ont une conscience, qu'ils souffrent , qu'ils sont capables d'éprouver de l'empathie et d'autres émotions que nous croyions propres au genre humain.

                Il est de plus en plus évident qu'ils nous ressemblent beaucoup ,  cela soulève des questions éthiques évidentes. Est-il légitime de les tuer pour les manger? Si je les mange, suis-je un assassin? Les végétariens sont des emmerdeurs parce que leur mode de vie montre qu'à cette question il  faut répondre: oui!

                En effet,  la mise à mort d'un animal ne va plus de soi dans nos sociétés modernes, elle n'est acceptée que si elle relève de la plus stricte nécessité.  Les millions de végétariens en bonne santé d'Europe et des États-Unis sont la preuve évidente que tuer un animal pour assurer notre survie n'est plus nécessaire. Chaque omnivore est donc renvoyé à cette image embarrassante de lui-même, celle d'une personne si futile et égoïste qu'elle préfère laisser endurer d'importantes souffrances  à un autre être vivant que de renoncer aux dix minutes de plaisir gustatif.

     L'HORREUR DU CADAVRE

                Les hommes ont toujours éprouvé pour le corps sans vie d'un proche de la répulsion, mais ce qui effraie davantage c'est le processus de putréfaction, c'est la charogne. De cette manière, on peut expliquer le fait que toutes les cultures fassent disparaître les cadavres de la vue des vivants. Enfouissement , crémation, exposition, immersion, techniques variées qui réalise le même objectif: éloigner l'idée obsédante de la mort.
                Il y a de nombreuses ressemblances entre un cadavre d'homme et le cadavre d'un animal. Rigidité cadavérique, rougeur du sang qui d'abord suinte puis se solidifie. Au niveau anatomique, on retrouve les mêmes structures: muscle, os , tendons, artères, nerfs, etc.  Le paradoxe est que l'un nous fait horreur, l'autre est une promesse de délices. Les gourmets d'aujourd'hui évitent de méditer ces idées et dans une société hypercarniste comme la nôtre, il est délicat d'éveiller la sensibilité du consommateur. Qu'il se rassure, tout est fait, depuis sa petite enfance pour lui épargner une douloureuse prise de conscience.

                Qu'est-ce donc l'art culinaire ? Si ce n'est d'abord un art de la dissimulation. Le vocabulaire employé y  est savamment choisi, on préfèrera par exemple le mot viande au mot muscle, le mot cadavre n'est jamais employé. Quant aux bouchers et aux éleveurs ils n'emploient plus le mot tuer ou abattre, mais bien le terme plus élégant de réformer.

                Peu aiment les parties de l'animal qui  frappent l'imagination, en particulier la tête qui est souvent mise de côté. D'ailleurs la nette préférence des modernes pour les morceaux de viande, les hamburgers, le jambon , les saucisses, le haché, les nuggets, démontre qu'il s'agit là, surtout , de faire l'économie de la présence du corps sans vie de la bête.

                Les végétariens sont des emmerdeurs parce que leur présence fait voler en éclat ces dissimulations, on voudrait qu'ils se rangent à l'évidence, qu'ils se plient à la coutume, on voudrait leur crier que "Oui, manger des animaux c'est moche! mais comme on ne peut pas faire autrement, cessez de nous couper l'appétit. "

    LA  MORT

                L'angoisse la plus terrible pour l'homme est sans aucun doute celle qui est liée à l'idée de sa propre mort et à celle de ses proches. C'est ce que nous voulons éviter à tout pris, cette peur est inscrite dans nos gènes. On parle alors d'instinct de survie. Instinct que nous partageons avec tous les animaux, ce point commun, plus que tout autre permet de se figurer l'horreur des abattoirs, la terreur des animaux. Il ne nous plait pas de nous savoir infliger aux autres ce que l'on ne voudrait surtout pas que l'on nous inflige. Tant que nous nous octroierons ce droit, comment espérer un monde sans violence.

                Les végétariens sont des emmerdeurs parce qu'ils sont les témoins des petits arrangements hypocrites de l'individu avec lui-même, ils sont des miroirs qui reflètent les contours  d'un être léger et égoïste. Le déni qui nous empêche de prendre la mesure de nos erreurs et des crimes commis à l'égard de la nature et des animaux est profondément ancré dans notre culture. En sortir n'est jamais évident et ceux qui  l'ont fait ne devront pas s'étonner de rencontrer beaucoup de résistance chez ceux qui y sont plongés profondément.

     L'ANTROPOPHAGIE

                Si nous dévorons notre roast-beef de façon désinvolte, on l'a vu, c'est parce que notre culture véhicule une idéologie qui partage le monde en deux, il y a nous et la nature. Le spécisme, car il faut bien lui donner un nom, est un ensemble de valeurs , d'idées qui considère l'homme comme un être supérieur aux autres créatures.  Lui faire du tort c'est commettre un sacrilège. Par contre, de par son statut, lui a tous les droits, il peut à loisir exploiter, encager, torturer, spolier, posséder, détruire les autres êtres vivants.
                Lorsque nous mangeons de la viande, cette idéologie nous permet d'éloigner de nous l'image du semblable qui provoque en nous le dégout. En effet, plus un animal nous ressemble au niveau  physiquement ou comportemental,  plus il nous est difficile de le manger.  Pour beaucoup de gens, manger du singe ou du chien est impensable. Derrière ces dégouts se cache la répulsion que nous inspire l'anthropophagie. Les films d'horreur s'en servent comme d'un ressort pour engendrer des émotions fortes chez le spectateur. La mode des zombies est un exemple frappant, mais nous pourrions évoquer les succès des films de vampires ou de loups-garous, celui des dents de la mer, de Jurassic Park et d'Hannibal. Dans ces films le monstre c'est celui qui se nourrit de chair humaine, un être maudit qui doit prendre la vie des autres pour continuer la sienne.

                Il y a anatomiquement très peu de différence entre la chair humaine et la chair d'un autre mammifère;  il est facile d'y voir un autre nous-mêmes. Les végétariens sont des emmerdeurs, car ils nous obligent à reconnaître, qu'à moins de renoncer à la prédation, nous sommes pour les animaux rien d'autre que des monstres.

                F.Derzelle

        


  • Comment défendre les animaux sans se faire traiter d’idiot ?

     

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    Difficile d’évoquer la question du droit des animaux sans se faire traiter au mieux d’idéaliste, au pire de frustré hyperémotif. Les clichés sont bien ancrés : la défense animale est une affaire de sentiments et on est forcément un clone de Brigitte Bardot ou un cousin de Paul Watson. Mais si les intellectuels s’y mettent aussi, dénigrer les défenseurs de la cause animale va devenir un exercice compliqué.

    Faire passer l’actrice Penelope Cruz pour une hypersensible sous prétexte qu’elle pose contre la fourrure passe encore. Expliquer que Paul McCartney s’implique auprès de l’association de défense animale Peta parce qu’il prend de l’âge, pourquoi pas. Mais accuser le philosophe Alain Finkielkraut, l’ancien ministre Luc Ferry, le sociologue Edgar Morin ou l’astrophysicien Hubert Reeves de sensiblerie… ça commence à devenir ridicule.

    Jeudi, la Fondation 30 millions d’amis a publié un manifeste signé par 24 intellectuels – penseurs, philosophes, écrivains, historiens, scientifiques, etc. – pour demander que les animaux bénéficient d’un régime juridique conforme à leur nature d’êtres vivants. Et que le code civil leur ménage donc une catégorie spécifique entre celle des objets et celle des humains. Un statut juridique qui reconnaisse à l’animal sa sensibilité (à la différence d’un fauteuil ou d’une table par exemple).

    Descartes en faisait des automates

    Si le législateur accède à cette revendication et modifie notre vieux code civil qui date de 1804, il pourrait ainsi bien améliorer la condition des poules de batterie et des rats de laboratoire comme celle des chiens de salon. Sans les mettre au même rang que les hommes. Mais sans non plus laisser ces derniers les traiter n’importe comment. Au pays de Descartes qui assimilait les animaux à des automates, l’appel des 24 prend tout de suite des allures de révolution.

    Que dit la loi ?
    L’article 528 du code civil assimile les animaux à des biens dits meubles, c’est-à-dire des objets que l’on peut déplacer comme des chaises ou des boîtes de conserve. Ils sont considérés comme des objets sur lesquels l’homme peut exercer son droit comme il l’entend. Mais le code rural définit déjà l’animal comme un « être sensible », tandis que le code pénal punit de deux ans de prison et 300 000 euros d’amende au maximum les actes de cruauté et les sévices graves envers les animaux. La création d’un statut juridique propre aux animaux serait donc avant tout symbolique et permettrait d’amorcer un changement des mentalités. Car selon les associations de défense des animaux, les peines prévues au code pénal sont rarement appliquées.

    Car en France, où les lobbys de la chasse et de l’élevage restent très puissants, le droit des animaux est un sujet qui fâche. Même si de nombreuses études scientifiques ont montré que les animaux peuvent ressentir de la douleur, qu’ils ont des capacités de réflexion méconnues leur permettant par exemple d’élaborer des stratégies parfois complexes, ils sont encore globalement considérés comme des outils au service de l’humain.

    Dans le grand public toutefois, la cause animale trouve de plus en plus de soutiens. Alors qu’un Français sur deux possède un animal de compagnie, nos concitoyens commencent à s’intéresser au sort que les hommes leur réservent. Les images diffusées par les associations de la défense animale sur les conditions de vie des poules de batterie ou celles des visons d’élevage ont commencé à pénétrer les esprits.

    Certes, on n’a pas vraiment envie de les voir, mais on a de plus en plus de mal à les ignorer. Hélas, dans les instances décisionnaires, les mentalités peinent à se mettre au diapason de la société. C’est ce qu’a constaté l’année dernière Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des animaux, en déposant un avis auprès du Conseil économique, social et environnemental. Il voulait alors faire évoluer le code civil dans le sens du manifeste actuel. Mais comme il l’explique aujourd’hui, les lobbys de chercheurs, pêcheurs et agriculteurs ont alors stoppé net la saisine du Conseil sur son avis.

    « Insupportable de connerie »

    Les signataires du manifeste, eux, courent peu de risques de se voir dénigrer ou insulter. Et les intérêts économiques défendus par les lobbys n’ont pas de prise sur eux. Comme le souligne l’écrivain Didier van Cauwelaert :

    « Traiter un animal de meuble est insupportable de connerie. Reconnaître les capacités des animaux à souffrir ne relève pas du domaine de la sensiblerie, mais de la sensibilité, il y a nuance. Les questions que l’on pose sur le statut et le droit des animaux sont autant d’occasions de faire avancer le savoir des hommes. Mais elles impliquent aussi une remise en question de la prédominance de l’espèce humaine sur les autres vivants de notre planète, prédominance qui ne repose sur rien puisque nous sommes tous issus d’un ancêtre commun qui est la bactérie initiale… »

    Même dans les milieux scientifiques, le débat sur la question est devenu incontournable. S’il y a dix ans, il n’était pas envisageable de parler « d’intelligence animale » (on employait le terme de « cognition »), certains éthologues acceptent aujourd’hui de reconnaître des émotions aux espèces qu’ils étudient et certains jeunes médecins prônent le développement des méthodes alternatives à l’expérimentation animale en labo.

    « Contre le statut du moustique »

    Pour d’autres intellectuels, le statut et le droit de l’animal ont quand même besoin d’une définition. Le physicien Albert Fert (prix Nobel), sollicité sur le sujet, pose une question essentielle.

    « Il faut déterminer ce que l’on appelle les animaux et où on place la barrière entre les bactéries et les grands singes, par exemple. Il sera difficile de tracer la frontière dans la grande famille du vivant et, personnellement, si je suis pour que l’on accorde un statut propre aux chiens ou aux oiseaux, je suis contre le statut du moustique. »

     

    Article provenant de Rue 89
  • MINETTE...

     

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    Voici Minette, elle n'a pas de nom, juste celui-ci : Minette.
    Dans le quartier tout le monde la connait.
    C'est une pauvre bête, jetée à la rue car son ventre s'arrondissait. Elle a miaulé très fort, appelant à l'aide, puis elle a mis bas dans ce milieu hostile pour un chat errant : la ville.
    Elle croyait encore que « l'homme » l'aiderait ou du moins la protégerait un minimum mais elle dû se contenter du creux du caniveau avec comme tapis quelque feuilles mortes et beaucoup d'immondices. Six chatons sont enfin là. Ils tètent goulûment.

    Minette devrait normalement rester avec eux deux à trois jours sans les quitter. Mais elle a déjà tellement maigri pendant la gestation, elle a faim et soif, il faut qu'elle trouve un semblant de nourriture. Elle hésite, laisser les petits là sans défense c'est pas sérieux. Mais où les mettre en sécurité ? C'est décidé elle va chercher à manger et ensuite elle avisera. Elle s'étire hors du caniveau et rampe, le souffle court, la peur au ventre. Un bout de jambon vient d’atterrir prés d'elle. Ira-t-elle le manger ? La faim est très forte, mais il faut faire attention que ce ne soit pas un piège. La faim l'emporte. Avalé le jambon, il y a déjà plus rien.
    Elle fait rapidement le tour de la place et rejoint sa progéniture. Il faut leur trouver un endroit non pas en sécurité, ici à l'évidence c'est impossible, mais moins exposé peut-être. Où ? Les caves sont bouchées
    depuis peu, les portes fermées, celles des cœurs aussi...
    Attention une voiture cherche à se garer, vite elle attrape un à un ses chatons et les dépose dans un trou de la chaussée prés d'un immeuble, juste le temps de les sortir de ce mauvais pas. Un hurlement de terreur juste pour elle, juste dans sa tête, un de ses chatons vient de mourir écrasé par le monstre d'acier.
    Il est né....pour mourir aussitôt.

    Minette avec son précieux fardeau cherche un abri. Plus de haies ni de banc, tout est minimaliste ici. C'est la ville ou tout chat errant est censé vivre dans la nature.... du moins c'est ce que disent les hommes...
    Un petit trou sous un escalier à moitié détruit conduit à un genre de terrier. Ce trou a déjà du abriter un pauvre hère de la gent féline. Ce sera son nid d'amour. Elle pose ses chatons et s'affaire à les réconforter, à les restaurer et à se réconforter aussi par la même occasion. Qui n'a pas vu une mère chatte n'a pas vu tout ce qu'un animal est capable de déployer comme amour et intelligence, certains parleront d'instinct, pour mener à l'âge adulte une portée de chatons, le tout avec tendresse.
    Il faut qu'elle reparte à nouveau pour se nourrir. Elle décide de faire le grand tour.

    Pendant ce temps des enfants qui ont entendu les cris des touts petits arrivent à en dénicher un à l'aide d'un bâton qui leur sert à ramener l'animal vers eux. Chouette ! Un nouveau jeu ! Tiens attrape et voilà le chaton qui sert de balle. C'est rigolo. Ça gigote, ça crache mais ça ne part pas …. trop petit, aveugle, le chaton est à leur merci. Allez on va derrière le bâtiment et on va voir ce qu'il a dans le ventre. Mais ce n'est pas une façon de parler mais des actes de torture que vont pratiquer ces enfants. «Ils s'ennuient, à cet âge ce sont des pervers polymorphes » me dira-t-on, est-ce une façon de les excuser ou de nous excuser, nous, les adultes ? On pourrait tout simplement leur expliquer le respect de l'animal, le respect d'une vie.

    Minette a réussi à rencontrer un nourrisseur. Cette personne qui offre un peu de vie et de douceur se faufile entre les voitures avant que la ville se réveille et avant de partir au travail pour gagner sa croûte et celle de ses chats. Car «ses» chats sont une partie de sa vie, de sa famille. Ils sont là tous les jours à l'attendre et un genre de communication par gestes et surtout par le regard s'est instauré entre eux. C'est fou ce que l'on peut communiquer par le regard avec les chats.

    Le ventre plein la minette rejoint vite ses chatons. Mais … il en manque un... son petit... son tout petit... Que peut-elle faire ? Ou aller ?
    Il est né juste pour souffrir et mourir.

    Des jeunes s'approchent à nouveau. Minette défend ses chatons avec de grands coups de griffes et des simulacres d'attaque. Ouf ! Après plusieurs jets de pierres ils abandonnent. Minette, épuisée, blessée par une pierre a réussi à gagner la partie. Elle pourrait se réjouir d'avoir vaincu le diable mais elle est tellement fatiguée. La nuit tombe. Il est temps de se reposer. Mais pas trop, car il va falloir trouver encore une autre cache, c'est indispensable. Alors Minette recommence à transporter les petits qu'il lui reste. Le creux de cet arbre fera l'affaire. Ce n'est pas Versailles, c'est juste un creux qui n'abrite même pas de la pluie. Mais Minette s’affaiblit. Il faut qu'elle mange et beaucoup plus car ses petits la sèchent littéralement. Se nourrir, les nourrir, se reposer, les protéger, épuisant pour un si petit être. Plus ils mangent plus les chatons grossissent et plus ils grossissent plus elle maigrit. Minette est devenue un squelette ambulant, le poil rare et terne. Le nourrisseur lui dit : « il faut que tu me fasses confiance, je vais t'aider » Mais comment faire confiance à l'homme ? Hier un de ses chaton a été brulé vif sous ses yeux et un autre a bizarrement disparu.

    Ils sont nés pour souffrir et mourir.

    « J'ai peur tout le temps pour les deux qu'il me reste. Je ne peux plus les déplacer, je suis devenue trop faible. Il faut que j'accepte de l'aide » disent les yeux de Minette. Le nourrisseur se rapproche. "Mes chatons sont malades. Je ne suis plus que l'ombre d'un chat". Je vais à sa rencontre et je miaule. Je miaule fort mon désespoir, je miaule pour mes chatons disparus, je miaule car j'ai mal, la blessure causée par la pierre s'infecte et me fait mal, j'en peux plus de souffrir et de voir souffrir mes chatons, de les voir mourir.

    Cette personne qui doit être un ange essaye de m'attraper. "Non, prends mes chatons ce sont eux les plus précieux, pour moi tu sais c'est trop tard....Je sens bien que je suis perdue. Toi, Ange, tu as tellement de chats et chatons à t'occuper. Aide les miens à vivre et non pas à mourir.
    Je pars. Je te les confie."
    Et Minette part, elle ne miaule plus.

    Quelque jours plus tard le nourrisseur a trouvé la dépouille de la minette.

    Il a écrasé une larme. Il n'a pas pu sauver les chatons, trop mal nourris, mangés vivant par les vers, étouffés par le coryza.

    Aucune lueur d'espoir ...

    Ils étaient nés pour souffrir et mourir.

    Ce texte est juste le reflet de ce que vivent les chats de la rue, les photos sont des chats que nous avons rencontrés, les misères subis par les chats du texte font parti de notre quotidien et surtout de leur quotidien.
    Si vous aussi vous en avez assez de supporter toute cette misère : rejoignez-nous.
    Si vous aussi vous pensez qu'on peut changer les choses avec un peu de bonne volonté : rejoignez-nous.
    Ensemble nous seront plus fort et nous pourrons délivrer le petit peuple félin de toutes ces souffrances inutiles. Ce n'est pas utopique il suffit de s'y atteler.

    Laure.